Bulletin de Loire Vivante Touraine


Bulletin dee Loire Vivante Tour n° 23 juin 98

DIRE, PROMETTRE, FAIRE ! ! !

1983 : Le Schéma Directeur de l'agglomération tourangelle (S.D.A.U) prend en compte la nécessité d'une deuxième station d'épuration.
1984 : M. Royer dit à la Nouvelle République :
"..il n'y a plus de nuisances dans cette station ( celle de La Riche) ... le résultat de dépollution est un des meilleurs de France.
Il reste que cette station sature maintenant complètement et mérite le traitement de l'azote et du phosphore. Une deuxième station devra être construite non loin de la première."
Suite à de nombreuses interventions, le préfet imposera à la ville de Tours le traitement du phosphore qui ne sera effectif qu'en 1998, 14 ans après cette déclaration.1989 : Nouvelle République du 12 octobre :
" Le comité Loire Vivante invitait récemment les Tourangeaux à faire un tour prés du passage Saint François pour voir comment on transforme un ruisseau en gigantesque intestin évacuant les miasmes de la ville sans aucun respect du milieu environnant.
Du coup, le comité Loire Vivante a invité Jean Royer, bétonneur de la Loire, à faire le ménage chez lui. "On comprend évidemment pourquoi le président de l'E.P.A.L.A veut de l'eau l'été pour diminuer la pollution" ".
(allusion à Chambonchard : diluer plutôt que dépolluer !)Dans le même article, le maire de La Riche, M. Michel, déjà en exercice :
" Pour l'instant, dit-il, on paie à la ville de Tours, mais on n'a pas notre mot à dire. Si on fait une multiplicité de syndicats à vocation unique, on n'aboutira pas, car pour ces problèmes sérieux de pollution, seules Saint-Cyr, Tours et Saint-Pierre sont concernées pour le moment.
Seule une structure de type SIVOMAT peut convenir"En 1998, il refuse toujours d'adhérer au SIVOMAT créé en 1996.1989 : le 20 octobre M. Royer répond via la NR :" Nous savions déjà en commençant le S.D.A.U qu'il faudrait une deuxième station d'épuration située le plus près possible de la première. Il n'était pas question d'agrandir celle de La Riche qui serait devenu un monstre ingouvernable.
Le programme de travaux devra être couronné par un contrat d'agglomération avec l'Agence de bassin."" La construction de la station est prévue pour 1993."
La seule action de M Royer sera de couvrir le ruisseau St François : cacher plutôt que traiter !1993 : le nouveau schéma directeur de l'agglomération tourangelle (SDAT) confirme la nécessité de la deuxième station d'épuration (N.R du 24 septembre).
1994 : réponse du préfet le 24 février à un récent courrier de Loire Vivante"Comme suite à votre demande, j'ai l'honneur de vous faire parvenir une copie de l'arrêté du 16 avril 1977 autorisant les rejets de la station d'épuration des eaux usées de la ville de Tours.
Article 4 - Durée de l'autorisation
Cette présente autorisation est accordée pour une durée de 18 ans venant à expiration le 31 décembre 1993.".
Non seulement le dossier de la nouvelle station est au point mort, mais la ville " oubli " de demander le renouvellement de son autorisation, s—rement parce que c'est la date à laquelle M Royer avait prévu la nouvelle station. En attendant, 7000m3 non traités rejoignent quotidiennement le Cher ! !1994 : nous rédigeons différents courriers (4 avril et 30 avril ) questionnant le préfet au sujet de l'expiration de l'autorisation de rejet et sur le contenu du nouvel arrêté nécessaire.1994 : le 5 juillet, nous déposons une plainte contre X au procureur pour :
" - pollutions persistantes de la Loire et du Cher, au droit et à l'aval du ruisseau Saint François et des deux points de rejet de la station d'épuration de la "Grange David".
- rejets directs d'effluents sans traitement et sans autorisation dans le Cher par le ruisseau Saint François. - absence d'autorisation pour les rejets dans la Loire et le Cher des effluents de la station de la Grange David. 1994 : arrêté du préfet du 29 décembre qui fixe un échéancier :"... 30 juin 1997 : Démarrage des travaux de la nouvelle station.
31 décembre 2001 : Restructuration et remise à niveau de la station actuelle."
1995 : le 26 mars, M. Baillaud (adjoint de M. Royer ) dit à la N.R, suite à l'arrêté préfectoral de décembre 1994 :"La ville de Tours a décidé d'introduire un recours devant le tribunal administratif d'Orléans concernant le traitement du phosphore. Nous considérons que Tours ne fait pas partie de ces villes sensibles soumises à l'arrêté préfectoral. En ce qui concerne la construction de la seconde station d'épuration, le syndicat à vocation unique vient d'être créé et les études lancées, mais la date de la construction n'est pas fixée"M Royer ne supporte pas que l'état lui impose ce qu'il a estimé nécessaire 10 ans plus tôt.
1995 : le 5 avril, rencontre avec l'adjoint du procureur suite à notre plainte :". je classe le dossier pour deux raisons : Je ne souhaite pas donner suite en période électorale, de crainte de condamner une nouvelle équipe municipale qui pourrait avoir d'autres vues sur le problème et qui ne serait pas responsable de la situation passée.
Le dossier est juridiquement complexe..."
A la même époque, trois maires bretons sont condamnés pour des motifs semblables. Les tribunaux bretons seraient-ils plus compétents ? Ou moins sensibles aux échéances électorales ?
1995 : élections municipales en juin. De nombreux candidats présentent la construction de la nouvelle station d'épuration comme prioritaire dans leurs programmes.
Promesses, promesses...
1996 : M. Léonet (adjoint chargé de l'assainissement - nouvelle municipalité de Tours) dit, le 8 janvier au conseil municipal :" des travaux d'assainissement, prévus pour 1998, seront confiés au SMAPAT. Chaque commune (du SMAPAT ) participera au financement de ces travaux. Pour Tours, la participation est estimée à 60 % du total des investissements (109 millions pour les réseaux et 381 millions pour la nouvelle station."
1996 : rencontres avec des élus de la nouvelle municipalité de Tours et des techniciens (14 février, 31mai et 12 novembre).
Réponse de M. Léonet (adjoint ) à nos questions sur le calendrier :
- 30 décembre 1997 : approbation du dossier technique.
- du 1er janvier 1998 au 30 décembre 1999 : phase administrative du dossier (étude d'impact).
- débuts des travaux : 1er janvier de 2000
- mise en route de la station en 2000.
de plus, le SMAPAT fait l'étude préliminaire et l'appel d'offres, puis le SIVOMAT prend le relais en assurant la maîtrise d'ouvrage.
1996 : courrier (7 juillet) à la mairie de Tours à propos de la déphosphatation de la station de La Riche.
"... nous ne comprenons pas la position des adjoints de différer la mise en ouvre définitive de la déphosphatation pour des motifs strictement financiers...Le choix fait par le conseil municipal de Tours, engageant ainsi les responsabilités des communes rattachées à la station de La Riche, est difficilement explicable.... Nous vous demandons de revoir votre décision de limiter la déphosphatation à une seule tranche."1996 : nouvel arrêté du préfet du 8 novembre qui demande:...Dépôt du dossier administratif (étude d'impact) : avant le 31 décembre 1997. Lorsque l'échéancier d'un arrêté préfectoral n'est pas respecté, il suffit d'en signer un nouveau. Compte tenu des dérives actuelles, à quand le troisième ?1997 : le 9 octobre, nous rencontrons M.Pouzioux, président du SMAPAT, qui nous annonce :- la déphosphatation de la station de La Riche sur les trois tranches pour 1998.- Appel d'offres : début 1998.- début des travaux : juillet 1999 - mise en service de la nouvelle station fin 2002.
1998 : courrier du 20 avril à M.Pouzioux sur le respect de ce calendrier ; réponse de celui-ci, le 30 avril :
" Actuellement, l'appel d'offres est en cours de mise au point, ainsi que les financements. A ce jour, je ne suis pas en mesure de vous donner davantage d'informations."1998 : notre courrier du 1er juin au maire de Tours et président du SIVOMAT lui fait part de nos inquiétudes."...Nous nous posons des question devant ce qui nous apparaît être des atermoiements injustifiés, trois années après l'installation des nouveaux conseils municipaux.
SIVOMAT ? SMAPAT ? Nous voudrions bien connaître notre interlocuteur, celui qui assume le pouvoir politique sur ce dossier et surtout bien identifier ce qui freine la réalisation du projet actuellement. Nous sommes obligés de constater que la façon de traiter ce dossier nous rappelle les errements des anciennes équipes municipales.
Vous comprendrez aisément, M. le Maire, qu'il est urgent de confirmer vos promesses électorales sur ce projet. Trop de déclarations contradictoires sur ce sujet vous imposent de clarifier ces questions, à nos yeux essentielles, pour rendre crédible votre politique en matière d'environnement"
Aucune réponse à ce jour de M Germain. Peut-être a-t-il d'autres préoccupations !1998 : rencontre à la préfecture du 23 juin avec Mme Blat (chef de service) au sujet des transferts de compétence du SMAPAT et de la ville de Tours, en matière d'assainissement, au SIVOMAT (N.R du 15 juin ) :" Toutes les procédures de transfert de compétence seront terminées le 31 décembre 1998.
- l'appel d'offres sera fait par le SIVOMAT, pas avant le printemps 1999"
1998 :M. Léonet, dans le bulletin municipal de la ville de Tours d'avril, écrit :
"... Actuellement, cette usine (de La Riche) est gérée par la ville de Tours, mais à l'avenir elle sera exploitée par le SIVOMAT. Cependant, nous avons lancé une étude de définition du système qui débouchera très certainement sur l'extension de l'unité existante, dans la perspective d'une meilleure efficacité... Elle arrive à son terme et nous allons choisir, au sein du SIVOMAT, la solution la meilleure d'un point de vue économique, technique et environnemental. Cette extension devrait être opérationnelle en 2002."Nouvelle date annoncée : souhaitons que dans 5 ans nous n'ayons pas matière à réécrire un bulletin similaire !A ce jour, aucune date n'a été respectée. Le retard peut être estimé à 4 ans, en référence au premier arrêté préfectoral, à 20 ans en référence aux propos de M Royer.Quelques repères :- la station d'épuration de la ville de Tours est située sur la commune de La Riche au lieu dit La Grange David. Elle traite entre 40000 et 50000 m3 d'effluents par jour. Quinze communes y sont raccordées (Tours, St Pierre , St Cyr, St Avertin, Chambray, Joué, Fondettes, Larçay, Ballan, La Membrolle, La ville aux Dames, La Riche, Notre Dame d'Oé, Parçay, Mettray).- le SMAPAT (syndicat mixte d'assainissement de l'agglomération tourangelle), créé en 1994, regroupe 13 communes : Larcay, La Riche et Notre Dame d'Oé n'y adhèrent pas, mais Montlouis en fait parti.- le SIVOMAT (syndicat intercommunal à vocations optionnelles multiples de l'agglomération tourangelle), créé en 1996 est une quasi coquille vide. Seules 8 communes y adhèrent (Tours, St Pierre , St Cyr, St Avertin, Chambray, Joué, Fondettes, Larçay) et il n'a encore pris aucune décision.- la nouvelle station nécessaire à l'agglomération coûterait 450 millions de francs.- Chambonchard, c'est le double. Utilisons l'argent prévu pour ce barrage pour traiter le problème à la source.- l'agence de l'eau peut financer jusqu'à 30% de la station grâce à l'argent que vous lui versez (taxe incluse dans votre facture d'eau). Aujourd'hui, elle gaspille cet argent en voulant subventionner Chambonchard.- 1 chasse d'eau sur 10 que vous tirez va directement dans le Cher !- 3000 à 4000 m3 d'effluents rejoignent le Cher quotidiennement sans traitement. L'entretien des réseaux et la déphosphatation des effluents traités par l'actuelle station ont permis de faire baisser ce volume supérieur à 7000m3 il y 5 ans.


Un essai de programmation virtuelle

Voici la (future) délibération du SIVOMAT du 1er avril 1999:
"Le SIVOMAT, fort des 16 communes concernées et après avoir délibéré, décide à l'unanimité la réalisation de la deuxième station d'épuration de l'agglomération et adopte le calendrier suivant :
1er juin 1999 : appel d'offres
1er octobre 1999 : approbation de l'avant-projet sommaire.
1er mars 2000: dépôt du dossier administratif à la préfecture
1er septembre 2001 : début des travaux
1er janvier 2004 : mise en service"
Cette programmation virtuelle s'appuie sur les délais du calendrier de l'arrêté préfectoral de 1994 qui prévoyait une mise en service en juin 1999, en tenant compte des 5 ans de retard déjà accumulés. Bien entendu, il faut comprendre ce calendrier comme ce que Loire Vivante estime possible et nécessaire. On comprendra aisément que nous avons supposé que les élus ne jouaient plus au chat et à la souris avec ce dossier.
Croyez, Monsieur le président du SIVOMAT et maire de Tours, messieurs les élus de l'agglomération, qu'un engagement de votre part sur ce calendrier calmerait nos inquiétudes. Une question à ces élus : connaissez-vous l'impact des près de 40 millions de m3 d'effluents non traités depuis 15 ans et rejetés directement dans le Cher?


Pendant les travaux, les enquetes continuent

Dans une enquête publique, tout le monde peut participer et c'est le commissaire enquêteur qui tire les marrons du feu et les assaisonne avec une petite sauce dont il a le secret. Comme il est rare que le commissaire enquêteur joue dans la classe contestataire, le goût de cette sauce faute d'être surprenant peut être parfois cocasse.
Les deux dernières enquêtes pour lesquelles nous avons déposé confirment la règle.
La première concernait l'arasement du barrage de Maisons. Notre déposition visait deux choix que nous contestions, la vitesse du courant dans une passe résultant de l'arasement et le choix de l'enrochement en protection des rives (si beau et si typiquement DDE). Comme d'habitude nous avions fait une déposition documentée à laquelle il était possible de répondre en développant des contres arguments. Cela aurait peut être obligé à réfléchir alors même si l'on parle d'arasement, le commissaire enquêteur a préféré bétonner.
En ce qui concerne le premier point, la vitesse du courant, elle nous semblait trop élevée et de nature à empêcher tout espoir de remontée des poissons migrateurs (cette remontée est le but de l'arasement). Nous demandions donc que l'on élargisse une des passes prévues dans les travaux. Le commissaire enquêteur ne s'embarrasse pas de fioritures, il a des idées et il les exprime, qui se résument de manière suivante : il y a des obstacles entre l'embouchure de la Loire et le barrage de Maisons Rouges, tant que ces obstacles ne seront pas traités, il ne faut pas espérer une augmentation significative des populations de migrateurs_ Evidemment si c'est lui qui le dit_ Cela dit toute ressemblance avec des propos entendus lors des débats sur l'arasement serait purement fortuite_
En ce qui concerne le choix de l'enrochement pour protéger les nouvelles rives, nous signalions que nous préférions une protection des rives par des techniques de génie végétal. Pour le coup, la réponse de notre commissaire a l'avantage de la brièveté, cette protection n'est pas acceptable puisqu'elle "ne saurait remplir les fonctions techniques de lutte contre l'érosion " Repos, rompez et surtout circulez, il n'y a rien à voir.

La deuxième enquête concernait une extension de la tristement célèbre usine Synthron (ex Protex). Sans faire de l'histoire trop détaillée rappelons seulement qu'il y a dix ans, suite à un incendie, les produits de l'usine s'étaient déversés dans la Brenne (qui borde l'usine) puis dans la Loire et que la ville de Tours avait du interrompre la distribution d'eau pendant quatre jours pour cause de trop forte pollution. Depuis, cette magnifique usine va mieux et produit de plus en plus, il a donc fallu procéder à une extension. Petit ennui, elle relève de la directive SEVESO II, il faut donc une enquête publique pour procéder à ces travaux. Mais l'administration n'est pas sait accorder quelques faveurs à ses meilleurs élèves : l'enquête n'a pas été faite avant les travaux mais après, détail, détail. Il faut remarquer que ce cas est prévu et public puisque l'enquête se nommait elle-même enquête de régularisation.
Nous avions déposé pour demander ce qui avait été prévu pour les risques d'inondation et pour contester la qualité des rejets de l'usine dans la Brenne après passage dans la station d'épuration de l'entreprise .
Cette fois le dossier de l'enquête est plus fourni, le commissaire s'appuie sur des annexes constituées par les réponses du directeur de l'usine, on sent que l'enjeu est plus grave, que des précautions doivent être prises...
Ce qui n'empêche pas les perles dont les meilleures concernent justement le risque d'inondation. Le commissaire enquêteur remarque que Synthron ne figure pas dans l'atlas des zones inondables. Doit-on en déduire que la zone n'est pas inondable par manque de mesure administrative et donc que la Brenne doit demander une autorisation avant de déborder ? Quelqu'un aurait du dire à ce brave commissaire que l'usine n'est pas dans l'atlas parce que personne n'a jamais fait d'atlas pour la zone concernée... Et des inondations, justement, il y en a eu en particulier celle du 22 janvier 95, qui sans être exceptionnelle a été grave. Pour se prémunir l'usine a trouvé une solution imparable : le mur de rétention de la cuve où sont stockés les produits devient une digue anti-inondation, formidable ! Bien sûr on ne précise pas la hauteur des parois promues en digue, elles ont une "hauteur suffisante". Cette hauteur est d'ailleurs, dans le dossier d'enquête l'objet d'une nouvelle notion fruit d'une mûre réflexion : on connaissait jusqu'ici la notion de plus hautes eaux connues, notion qui parle d'elle-même, la cote maxima atteinte par l'eau lors d'une inondation historiquement documentée. Il va falloir s'habituer à une nouvelle notion celle de la cote moyenne des plus hautes eaux connues ! Evidemment les termes paraissent un peu contradictoires mais le dossier n'est pas à une approximation près. En tous cas la cote, donc moyenne (!), atteint une hauteur dont personne (et surtout pas le commissaire) ne semble penser qu'elle pourra être dépassée. Une curieuse idée de la gestion des risques à l'échelle de la cote moyenne des plus hautes eaux connues. Là dessus silence radio, le commissaire n'a pas été troublé, donc tout va bien, dormez sur vos deux oreilles.
Quant au rejets en provenance de la station d'épuration, le commissaire brandit avec un certain contentement les analyses du C.E.T.E de Blois qui montrent que l'usine respecte les normes, du béton_à faible densité, puisqu'on cite en tout deux analyses, pas de trace des relevés quotidiens que nous demandions. En plus, quelles normes devraient respecter une usine de ce type ? c'est une question qui méritait une réponse puisque nous faisions remarquer que la ville de Chateaurenaud se voit imposer des normes de rejet trois fois plus sévères qu'une usine relevant de la circulaire Séveso.
Enfin notons que le commissaire a un regret qui montre bien, malgré son avis favorable, qu'un petit coin de son âme est resté teinté de vert, voire de rouge sur les bords : pour lui il reste " un seul problème d'importance, celui du dégagement d'odeurs nauséabondes. Cette question semble avoir été négligée, peut-être par manque de réaction de la population, suite à un certain phénomène d'accoutumance ".Quand on vous disait qu'il ne fallait pas désespérer des commissaires et des enquêtes_


15 ans de retard et de pollution, çà suffit !

Loire Vivante Touraine remet le dossier de la construction de la station d'épuration de l'agglomération tourangelle sur le devant de la scène. Comme nous sommes un peu têtus et sutout tenaces, nous avons voulu que ce bulletin soit essentiellement consacré à ce dossier. Nous allons retracer l'histoire mouvementée de ce projet qui n'est toujours pas sorti des cartons.
Tous les prétextes furent bons à M.Royer pour en différer la réalisation, beaucoup plus attaché à aménager nos rivières qu'à traiter leurs problèmes à la source.
Une autre page s'écrit sous nos yeux avec l'entrée en scène de nouveaux conseils municipaux en 1995. Là encore, nous avons beaucoup de mal à nous faire entendre, même si certains nous reçoivent courtoisement.
Nous affirmons à tous nos interlocuteurs que nous vivons une période de crise environnementale majeure qui touche tous les milieux naturels. Cette crise impose, à tous, des réponses globales et urgentes. La restauration de ces milieux doit s'inscrie alors comme une priorité de l'action municipale.
La réponse est toujours la même: il y a d'autres priorités à satisfaire avant celle-ci. De plus, leurs contraintes financières les obligent à faire d'autres choix. Notre désaccord est donc total sur la façon de gérer ce dossier. Bien entendu, cela explique les faux-fuyants observés depuis trois ans. Ce bulletin n'en relève que certains aspects.
L'annonce, en mai dernier, que le SIVOMAT allait prendre en charge le dossier dès 1999, ne change rien à la manière dont les élus tourangeaux traitent ce dossier. Il y a trop de désinvolture.
Il faut changer les méthodes de travail et affirmer très haut que ce dossier est bien une priorité.
Il reste un problème, aujourd'hui, qui n'est pas résolu. Le SIVOMAT regroupe 8 communes; or, la station à construire concerne 16 communes. Va-t-on voir, à nouveau, des communes décider pour d'autres qui contesteront ensuite les décisions? Affirmation polémique, diront certains. Oh que non, c'est une tradition politique de l'agglomération tourangelle. Sachant que, par ailleurs les problèmes de la ressource en eau de l'agglomération touchent ces mêmes communes, nous allons retrouver le même cas de figure. Nous affirmons que la seule façon sérieuse d'aborder ces deux questions relatives à l'eau est de les traiter simultanément et collectivement avec toutes les communes concernées. Elargir ce SIVOMAT est devenu une urgence.
Cette situation tourangelle nous apprend que les solutions aux problèmes d'environnement ne sont pas que techniques; il faut que des conditions politiques soient réunies. Il reste aux élus tourangeaux de prendre leur responsabilité.


Agenda

JUILLET 1998 — CHAMBONCHARD
Dominique Voynet visite le site de Chambonchard et rencontre les élus et associations à Montluçon le 2 juillet. Elle réaffirme à cette occasion un certain nombre de doutes sur l'utilité du barrage. L'EPALA suspend aussitôt ses crédits au Plan Loire Grandeur Nature. Lors des débats du comité syndical du 9 juillet auquel nous assistions, les élus ont essayé de se faire croire qu'il ne s'agit ni de représailles ni de chantage, mais seulement d'une décision de bon gestionnaire : deux heures de discussions sans jamais aborder le dossier sur le fond. L'argent économisé par l'Etat en abandonnant Chambonchard compense celui de l'EPALA consacré aux volets environnementaux du Plan Loire. L'Etat peut donc réfléchir sereinement sur l'opportunité de faire ce barrage.

JUIN 1998 — MAISONS ROUGES c'est parti.
Début du chantier d'arasement du barrage. A l'abri de digues provisoires, la démolition de la partie située en rive droite est effective. Le niveau de la Vienne abaissé, les travaux en rive gauche peuvent commencer. Les doutes soulevés sur l'esthétique des enrochements amont se confirment : la DDE signe son travail !

AOUT 1998 — YANG TSE.
Les inondations catastrophiques continuent en Chine. Comment protéger les centres économiques importants ? Les autorités chinoises n'hésitent pas à dynamiter les digues afin de choisir quels vals inonder pour mieux en préserver d'autres. Et si redonner au fleuve ses espaces de liberté protégeait mieux que tous ces corsets chers à nos aménageurs ! !

 


Bulletin dee Loire Vivante Tour n° 23 juin 98

Chambonchard ou les tribulations de l'état

Un barrage coûteux, inutile, néfaste pour l'environnement : Loire Vivante Touraine le dit depuis le départ. Nos adversaires (épala, l'état et l'agence de l'eau) se sont entêtés à justifier l'ouvrage en adoptant un projet en Décembre 1996 (DUP). A ce jour, les travaux n'ont toujours pas débuté. L'état s'interroge et doute de l'opportunité du barrage. En effet trois conseils interministériels (avril 1997, novembre 1997 et mai 1998) ont abouti à la même conclusion : ajournement de la décision de l'état de financer à hauteur de 70 millions de francs le barrage en question.
Incohérence de l'état s'écrient les responsables de l'épala. Il faut s'interroger sur les tourments de nos décideurs à propos de ce projet et le retard qui en découle.
Quelle mouche a donc piqué nos élites techniciennes et administratives pour ne plus être aussi sûres d'elles mêmes au point de faire douter les politiques? De débats en rencontres, nous observons que la crise environnementale et les moyens d'y faire face, peut-être également la crise des finances publiques, hantent ces messieurs. On analyse, de fait, en mettant en balance les coûts et les avantages, l'impact écologique à court et long terme. On commence à rechercher des solutions qui vont préserver les milieux et les ressources naturels. Il devient vite évident que ce barrage n'a plus de raison d'être. Les prémices d'une nouvelle stratégie apparaissent : celle du développement durable.
Loire Vivante Touraine se félicite de ces infléchissements des méthodes de pensée de nos élites. Nous ne faisons qu'un seul souhait: qu'ils continuent.
Nous ne disconvenons pas que la méthode exige du temps et du courage pour remettre en cause un projet arrêté; alors prenez votre temps cela ne nous gène pas.
Nous ne sommes pas encore sûrs que le bon sens va l'emporter.
L'abandon de Chambonchard, ce n'est plus une utopie mais pas encore une réalité.


La LOIRE et son MODELE (suite )

Les résultats des travaux de l'équipe pluridisciplinaire sur la simulation de crues exceptionnelles de la Loire (voir bulletin de Loire Vivante n°21 ) sont suffisamment avancés pour porter un jugement de fond, à la fois sur la procédure et sur le contenu.
Sur les procédures Trois réunions, des documents améliorés au fil du débat, des courriers échangés résument la méthode utilisée par l'équipe pluridisciplinaire. Nous pouvons affirmer que la confrontation des idées s'est avérée fructueuse, les points de vues ont convergé même s'il reste des désaccords aujourd'hui. L'équipe pluridisciplinaire s'est plutôt comportée, jusqu'à ce jour, en comité d'experts, susceptibles d'être contestés, qu'en équipe de scientifiques au savoir intangible. Cette façon d'opérer est à signaler et représente un acquis important dans le cadre de débat public.
Abordons les points qui font accord.
la notion de risque
Nous avons toujours affirmé que le risque d'inondation n'est pas seulement un dépassement de seuil, à savoir le débordement de la rivière. L'histoire nous rappelle que l'inondation a lieu, également, dans d'autres circonstances ( bulletin n°22 ). Cette idée fondamentale, reprise par l'équipe, montre toute la limite des travaux effectués car le modèle numérique n'envisage l'inondation que par débordement ou remous. Les échanges avec les scientifiques furent fermes mais courtois. Le compromis trouvé sur la formulation nous semble satisfaisant.
l'inondation des vals
Nous avons écrit que l'inondation des vals jouerait un rôle prépondérant dans la gestion de la crue exceptionnelle. Les résultats obtenus par le modèle confirment cette opinion mais aussi que les vals ne subissent pas les effets de la crue de la même manière. Des vals sont toujours inondés même en l'absence de brèche et pour des débits relativement faibles ; c'est à dire dés 3000 m3/s. Ces vals se situent essentiellement en amont d'Orléans. A l'aval d'Orléans, l'inondation des vals se produit pour des débits différents et plus élevés. Au delà de ce résultat bien connu, les travaux mettent en évidence le rôle joué par l'enfoncement du lit dû aux extractions de granulat. Ainsi, le risque d'inondation par débordement dans le val de Tours s'en trouve diminué, l'enfoncement atteignant par endroit plus de 2 mètres.
Ces conclusions montrent toute l'importance du débat sur la solidarité entre les villes ligériennes face aux risques d'inondation. Les élus ont, là, un beau sujet de discussion L'épala peut-il être porteur de ce débat?
l'incertitude sur les résultats
Sur l'interprétation des résultats, la confrontation a permis de préciser les limites du modèle. Nous demandions dès la première réunion la nécessité d'introduire la notion d'incertitude dans le modèle. La réponse nous est parvenue que récemment: " l'incertitude absolue du modèle est de l'ordre de 25 cm, ce qui correspond pour la partie en amont de Tours, à une erreur de l'ordre de 250 à 300 m3/s sur le débit." nous répond l'équipe. Cette affirmation est une première ; jusqu'à présent, dans toutes les études hydrauliques et enquêtes publiques, aucun bureau d'études ne donnait des résultats de la cote d'un fleuve pour un débit donné avec une incertitude. Cette façon de présenter les résultats permettait souvent de justifier scientifiquement un projet arrêté d'avance; cette technique a été utilisée à propos du dossier du technopôle de Tours.
un nouveau risque
Pour terminer sur ce qui fait nos points d'accord, il faut souligner le risque nouveau lié à l'enfoncement du lit de la Loire. L'équipe montre les effets majeurs de ce phénomène sur les pieds de digues qui se trouveraient fragilisés surtout lorsque la rivière coule sur le support rocheux ; des affouillements sont à redouter, pouvant provoquer une déstabilisation de la digue. La Loire répondrait à sa façon aux modifications apportées par l'homme.
Passons maintenant à ce qui reste en débat.
les désaccords
Nous écrivions à l'équipe, en avril 1998 : " nous souhaitons que soit ainsi défini un scénario catastrophe qui maximalise les facteurs afin de le tester dans le modèle". Voici la réponse : " (...) C'est pourquoi, les membres de l'équipe pluridisciplinaire ont refusé d'envisager , à ce stade, des situations où tous les paramètres seraient poussés dans la situation la pire, car il leur serait difficile d'en estimer les conditions et la fréquence d'apparition. Il appartiendra là encore aux décideurs de choisir de vérifier ou non a posteriori l'impact de la stratégie sur des situations atypiques et catastrophiques."
Nous notons que le débat n'est plus avec l'équipe mais avec les décideurs ( l'état, l'épala et l'agence de l'eau); nous serons très ferme sur ce point, quel que soit notre interlocuteur. L'autre désaccord concerne les résultats obtenus avec le barrage de Villerest. On nous annonce dans le dernier document en notre possession que ce barrage écrête la crue de 1000 m3/s pour des débits allant de 7000 à 8500 m3/s au bec d'Allier. Des simulations montrent qu'un barrage écrête ou non suivant le niveau de remplissage au moment de la crue (voir la crue de l'Oder), le temps de montée de la crue, le débit maximum et le mode de fonctionnement du barrage. Les résultats présentés dans le document d'étape sont incohérents.
Il faut donc reprendre les calculs en faisant varier les paramètres sur les bases d'hypothèses clairement annoncées. Il apparaîtra, alors, un résultat bien connu des hydrologues ; suivant les conditions hydrologiques de la crue, un barrage écrête ou non; c'est le cas de Villerest. Ces deux points ne peuvent être éludés si l'on veut un débat sur le Veurdre qui ne soit pas faussé dès le départ.
Tout ceci est un bilan d'étape, nous dit-on; nous l'avons toujours conçu ainsi. Nous souhaitons le débat sur le Veurdre aussi transparent et démocratique que celui que nous venons de vivre malgré quelques imperfections.


Nous voulons qu'ils sachent.

Cela fait maintenant plus de 10 ans que la loi du 22 juillet 1987 instaure . Depuis, le conseil des ministres du 7 février 1990 a décidé la parution des atlas des zones inondables. Le 4 janvier 1994, le gouvernement a arrêté le Plan Loire Grandeur Nature. La circulaire interministérielle du 24 janvier suivant a précisé la volonté de limiter l'urbanisation dans les zones inondables. Qu'en est-il aujourd'hui? Les atlas des zones inondables sur la Loire sont parus. Ces documents doivent permettre de redonner la mémoire à la population et aux élus. La méconnaissance des zones à risque et l'oubli des débordements passés est un facteur de danger. Mais la connaissance n'est pas suffisante. Elle doit donc s'accompagner de contraintes. L'observation du comportement des élus prouve qu'ils n'ont jamais admis et intégré ce risque : la croissance urbaine des communes est leur seule priorité. L'état s'appuie donc sur ces atlas pour édicter des règles d'urbanisme dans les zones concernées : les plans d'intérêt général (PIG). Contenir l'urbanisation permet de limiter le nombre de personnes et de biens exposés, mais permet également de ne pas aggraver les risques vis à vis des personnes et des biens déjà implantés dans ces zones. En Indre et Loire, seul le PIG de l'agglomération tourangelle a été aujourd'hui notifié. Les élus locaux ont dépensé plus d'énergie à combattre ces règles fondamentales, qu'à réfléchir à l'avenir de l'agglomération en tenant compte de ces nouvelles contraintes. L'état ayant un devoir de prévention se voulait ferme, mais l'acharnement de certaines municipalités a réussi à infléchir sa position. La véritable culture du risque prônée par le préfet est loin d'être partagée.
Ces mesures techniques ne suppriment pas le risque. Nous demandons donc régulièrement qu'une réelle politique d'information des citoyens soit mise en place. La loi précitée l'impose d'ailleurs. Toute personne doit connaître le risque auquel elle est exposée et les mesures à prendre en cas d'apparition de ce risque. Il s'agit de mettre en place l'ensemble du volet et de s'assurer de la prise de conscience de la population. La préfecture a rédigé à cette fin un document départemental des risques majeurs qui traite entre autre du risque inondation. Charge aux communes de le décliner localement.
A notre connaissance, quelques municipalités à l'aval de Tours ont travaillé, mais les principales communes de l'agglomération sont soit très en retard, soit ignorantes de la démarche. Une récente intervention à St Pierre des Corps a permis d'apprendre à certains responsables des services techniques la nécessité de rédiger ce document communal demandé par la préfecture depuis plus d'un an! Oubli? Rétention? Si une catastrophe devait arriver, ce que personne ne souhaite, si le val de Tours devait être inondé, si la population habitant ce val devait être évacuée, la non-préparation des personnes concernées à cette éventualité aggraverait les conséquences de l'événement. Ce n'est pas souhaiter un incendie que d'afficher des plans d'évacuation et acheter des extincteurs. Fermer les yeux est certainement politiquement plus confortable, mais c'est irresponsable. Toute l'ardeur gaspillée à s'opposer au PIG eut été mieux dépensée à élaborer une réelle politique de prévention! La plupart des pays ayant subi récemment des inondations ont dû gérer et la catastrophe, et la non préparation de la population. Le contre exemple étant les Pays Bas avec la crue du Rhin de l'hiver 1995 : la population ayant encore en mémoire la catastrophe de 1958 a parfaitement réagi, laissant les autorités gérer la crise et non la subir.
La préfecture interrogée à ce sujet nous a sèchement répondu qu'elle faisait de son mieux, son seul devoir étant d'initier la procédure. On est loin de la promotion d'une politique forte de gestion de crise. Il ne reste qu'à souhaiter que la Loire en crue partage l'inertie de nos responsables. L'information préventive est indispensable. Elle aura atteint son but lorsque tout habitant des vals concernés pourra citer le niveau d'eau atteint chez lui lors des grandes crues connues, lorsqu'il saura que cela peut se reproduire et lorsqu'il connaîtra les mesures à prendre en cas de catastrophe. Il n'est pas nécessaire de sonder la population pour savoir qu'il reste du chemin à parcourir.
Cette démarche est complémentaire de toutes celles visant à mieux connaître les probabilités de retour du risque, son niveau et les possibilités d'intervention sur ces paramètres. En particulier, la compréhension et l'analyse de tout le travail de l'équipe pluridisciplinaire que l'on a déjà évoqué nécessite d'intégrer toutes les conséquences du postulat . Ce n'est pas suffisant de dire : quoiqu'on fasse, ça peut arriver demain. Nous voulons qu'on réponde à : Et nous voulons que les citoyens concernés connaissent la réponse... et la question.


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