LE PLAN HYDROLOGIQUE NATIONAL ESPAGNOL

 

  • "SAUVONS LE DELTA DE L'EBRE"

Rassemblés par la "Plateforme de Défense de l'Ebre",
voici les textes argumentaires principaux du mouvement d'opposition au PHN.

 

Traduction par Valérie Valette/ERN
(sauf partie 6 - Analyses économiques du projet de transfert)



Le Plan Hydrologique National (P.H.N.) espagnol et l'opposition civile
au transfert d'eau du fleuve de l'Ebre vers d'autres bassins hydrologiques
Février 2002

 

1. Le PHN et la gestion de l'eau en Espagne
(de Susanna Abella)

2. Conséquences générales du PHN
(de Susanna Abella)

3. Répercussions du PHN dans les régions où l'eau serait prélevée

  • 3.1. Delta du fleuve de l'Ebre
    (de Jesus Sorribes)
  • 3.2. Retenues dans les Pyrénées espagnoles
    (de Susanna Abella)

4. Répercussions dans les régions qui recevraient les transferts d'eau
(de Susanna Abella and Silvia Panisello)

5. La qualité de l'eau de l'Ebre
(d'après Jose Lluis Naredo)

6. Analyses économiques du projet de transfert de l'eau de l'Ebre
(d'après Pedro Arrojo)

7. La société civile contre le transfert d'eau de l'Ebre
(de Jesus Sorribes)

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1. LE PHN ET LA GESTION DE L'EAU EN ESPAGNE

Le PHN espagnol est un projet de loi qui comprend la construction de 863 infrastructures différentes, tels que grands barrages, transferts d'eau et canalisations de rivières. Le point principal, cependant, se concentre sur un vaste transfert d'eau inter-bassin de 1 050 Hm3/an prélevé sur la rivière de l'Ebre. Cette eau serait transportée vers la Catalogne (190 Hm3), Valence (315 Hm3), Murcia (450 Hm3) et Almeria (95 Hm3). A cette fin, le Plan exige la construction de grands réservoirs dans le bassin de l'Ebre pour réguler son débit.
Le coût total du PHN est estimé à 23 500 millions d'Euros. L'Espagne espère de la Communauté Européenne un financement à hauteur de 30 % (7 863 millions d'Euros), à travers des fonds de Régions et de Solidarité.
L'Espagne, comme la plupart des pays méditerranéens, se caractérise par la rareté de ses ressources en eau. La gestion et la planification de ces ressources ont été centrées, depuis des décennies, sur la création de nouvelles terres irrigables et sur la construction d'ouvrages hydrauliques lourds, comme les barrages et les dérivations d'eau par le biais de canaux. Ceci a toujours été subventionné par l'Etat. Dans les années 50, cette politique pouvait se justifier par la situation économique et sociale de l'Espagne à l'époque. Mais à présent, les besoins de l'Espagne sont complètement différents.
Un Plan hydrologique est nécessaire, tout particulièrement dans un pays comme l'Espagne où les ressources hydriques sont rares. Cependant, sa conception ne doit pas être ni tendancieuse, ni anachronique. Il ne doit pas être conçu suivant l'aspect financier de la construction, qui favorise seulement une spéculation économique et politique bien précise, mais plutôt être élaboré comme une planification nationale des ressources, afin d'améliorer la condition de chacun.
C'est un projet qui doit voir loin et non regarder en arrière.

Un Plan hydrologique devrait analyser objectivement les ressources existantes (offre) et gérer leur utilisation future (demande), selon une approche soutenable, sans générer de nouveaux impacts négatifs sociaux et environnementaux. Pour ceci, il est important de connaître quelles sont nos ressources actuelles et nos véritables besoins.

Le Plan présent (PHN) est essentiellement basé sur la justification des conditions qui permettraient les transferts d'eau entre bassins. Le principal transfert irait de l'Ebre jusqu'à Barcelone et la ligne côtière du Sud-Est de l'Espagne (le Levant), distantes respectivement de 200 et 1 000 kms. Le raisonnement qui sous-tend ceci est le prétendu "déficit" en eau du Levant et le supposé "débit excédentaire" de l'Ebre. Les raisons pour lesquelles cette région souffre de son apparent déficit ne sont pas analysées. De même, les solutions qui éviteraient de menacer l'avenir des régions qui "perdent" leur eau ne sont pas prises en compte. Les autres problèmes de l'eau en Espagne ne sont pas non plus analysés, ni étudiés. Le PHN offre simplement une liste d'infrastructures proposées à la construction, sans donner de justifications. Le rejet social du PHN porte principalement sur cet énorme transfert d'eau de l'Ebre et sur les grands barrages prévus le long du bassin du fleuve, afin de réguler et stocker de l'eau pour ce projet. Ce rejet est fondé sur de solides arguments techniques apportés par la communauté scientifique espagnole et s'est encore accru suite à l'absence de dialogue instauré par le Gouvernement, depuis la première publication des projets prévus (5 septembre 2001). Cette absence de dialogue est allée jusqu'au point extrême où le Gouvernement a "caché" tous les rapports indépendants, qu'il avait lui-même commandés auprès des scientifiques et autres experts. Car ces rapports donnaient une évaluation négative de ce PHN. D'autres rapports indépendants, tels que ceux préparés par la RAMSAR Convention sur les Zones Humides, ont également abouti à des avis défavorables et, par conséquent, n'ont pas été publiés jusqu'à ce que le PHN soit voté, même si le Gouvernement central et ceux des régions autonomes connaissaient leurs conclusions.

2. CONSEQUENCES GENERALES DU P.H.N.

Ce Plan propose des aménagements lourds et des chantiers publics d'une viabilité économique, sociale et environnementale douteuse. Ceux-ci consistent en plus d'une centaine de nouvelles retenues et des transferts d'eau d'un bassin de rivière à un autre, en particulier celui qui irait de l'Ebre à Barcelone (200 kms) jusqu'aux bassins de la Jucar et de la Segura (1 000 kms). Ce Plan comprend également la canalisation de rivières, du reboisement, la création de nouvelles terres irrigables, l'amélioration de la distribution d'eau dans des villages et le traitement des eaux usées et des déchets. La plupart de ces projets devrait être réalisée indépendamment de ce PHN, afin de se conformer aux réglementations de l' Union Européenne, que pour l'instant l'Espagne continue d'ignorer. En fait, la plupart de ces projets sont seulement cités dans le PHN mais ne sont jamais ni décrits, ni analysés économiquement, ni justifiés. Ce qui rend leur réalisation difficile à imaginer.

L'important transfert d'eau de l'Ebre, de 1 050 Hm3/an (15 % de son débit moyen durant la dernière décennie), accentuera les inégalités régionales entre l'intérieur du pays, à prédominance rurale et le bord des côtes, urbanisé, à l'agriculture intensive et sans gestion respectueuse des ressources en eau. Tout ceci serait subventionné par la Communauté Européenne ou le Gouvernement, afin de réduire les coûts de construction. La pénurie d'eau, aggravée du problème de sa qualité et de sa manipulation par les êtres humains, amène à la dégradation des rivières, des lacs, des deltas, des zones humides, des rives boisées et des zones montagneuses. Ceci est dû à une exploitation sans limites de ce bien, qui non seulement échoue à résoudre les problèmes existants, mais en crée de nouveaux. Ces grands ouvrages affectent les zones de protection spéciale Oiseaux et les zones d'intérêt général créées pour la protection de la faune et des habitats, les zones humides Ramsar, et les zones de proctection désignées dans le cadre de Natura 2000. Ils cassent des directives européennes, comme celles portant sur les habitats naturels (92/43/EEC), les oiseaux (79/409/EEC) et la Directive Cadre Eau (2000/60EC).

Parallèlement à cela, les estimations concernant le débit de l'Ebre sont fausses car elles sont surévaluées et ne prennent pas en compte les futurs effets du changement climatique. Durant les dernières décennies, le débit moyen a diminué de façon spectaculaire, autour de 50 %, à cause de la surexploitation de l'eau et de la prolifération des retenues.

1960 : 16 842 Hm3/an .... 1970 : 14 071 Hm3/an
1980 : 9 502 Hm3/an ...... 1990 : 8 235 Hm3/an


3. REPERCUSSIONS DU P.H.N. DANS LES REGIONS OU L'EAU SERAIT PRELEVEE

Il y aurait de nombreux impacts négatifs le long du bassin de l'Ebre si le PHN était réalisé, aussi bien dans le Delta que dans les montagnes du cours supérieur, où beaucoup de retenues doivent être construites. Ce sont là que porteraient les deux impacts les plus notables mais les répercussions négatives s'étendraient à la faune, la flore et à des sites de patrimoine culturel tel que le Chemin de St Jacques de Compostelle.

Nous allons analyser maintenant les deux premiers aspects de ces répercussions :

3.1. Le Delta de l'Ebre
La conscience de la nécessité de protéger l'environnement comme héritage naturel de l'humanité, qui doit être préservé pour les générations présentes et futures, est ressentie profondément par les personnes qui vivent tout le long du cours de l'Ebre. Pour eux, protéger le Delta de l'Ebre signifie : maintenir un environnement naturel qui, même après des années d'intervention humaine, conserve toujours une valeur exceptionnelle dans l'ensemble de l'Espagne et dans le patrimoine naturel européen. C'est la seconde plus importante zone humide de l'ouest méditerranéen après la Camargue, et la seconde de la péninsule ibérique après la Donana (côte Atlantique).

L'importance internationale du Delta remonte à 1962, quand il fut inclus dans la liste des Zones Humides Euro-Africaines d'intérêt international. Il fut déclaré Catégorie A par l'Unesco, la plus élevée. Plus tard, il fut reconnu comme zone humide d'intérêt internationale par la Convention Ramsar en 1971 et par l'Espagne en 1982. En 1979, l'Union Européenne fit du Delta de l'Ebre une zone spéciale de protection des oiseaux (S.B.P.A.) et fut proposé comme zone d'intérêt commun dans le cadre de Natura 2000. De plus, le Conseil Européen l' a reconnu comme région importante pour sa faune et sa flore, avec 77 espèces protégées, dont 8 sont des plantes et le reste des vertébrés.

Toutes ces reconnaissance internationales, et l'urgence de garantir la conservation du Delta comme une zone de grande valeur naturelle, aboutit en 1983 à la création du Parc Naturel du Delta de l'Ebre par le Gouvernement Catalan, dont l'objectif est de préserver cet écosystème. Il y a de nombreuses espèces de plantes et d'animaux, dont certains sont migrateurs et d'autres résidents toute l'année. Il y a plus de 350 espèces d'oiseaux.

L'impact le plus lourd que le PHN aurait sur la région du Bas-Ebre porterait sur le Delta. Celui-ci a été formé par le fleuve. Les historiens et les scientifiques ont démontré que dans l'Antiquité romaine -et plus loin encore dans le temps- le Delta n'existait pas. Il a commencé à se former après le Moyen-Age, suite au déboisement de son bassin (incendies, extension des terres cultivables, coupes forestières pour la construction et chantiers navals). Le sol dénudé fut ensuite érodé par la pluie, charrié par la rivière et déposé dans son estuaire.

A l'heure actuelle, le Delta de l'Ebre est confronté à trois problèmes importants :

1- La régression.
Le débit de sédimentation des rivières est très important pour maintenir la côte, les plages et les deltas. Celui de l'Ebre est en train de perdre physiquement du terrain et il recule vers l'intérieur. Cette régression a été la plus immédiate conséquence de la construction des retenues dans le passé. Celles-ci ont été réalisées pour produire de l'électricité, stocker de l'eau pour l'irrigation et éviter les crues. Les sédiments se sont alors déposés au fond de ces réservoirs. Selon les scientifiques, seulement 1% des sédiments descend le cours de la rivière, comparé à la situation d'il y a 100 ans.
Depuis la construction des retenues, la régression a été une préoccupation constante, atteignant plus de 100 m de recul certaines années. Une partie de cette terre, déplacée par la mer, a été déposée ailleurs, mais on constate une perte évidente et ce problème s'aggravera probablement dans le futur, si encore plus de retenues sont construites et que de grands transferts d'eau sont prélevés dans le fleuve. Actuellement, la fragilité et l'instabilité de la ligne côtière du Delta se sont considérablement accrues.

2- L'affaissement.
L'affaissement du Delta est produit par le "compactage" des sédiments dû à leur propre poids et aux activités humaines. Il a été calculé que la hauteur du plateau du Delta au-dessus de la mer diminue d'environ 3 mm par an. Le fait que les sédiments n'atteignent pas le Delta empêche la compensation de cet affaissement qui, conjugué à la montée prévue des eaux de la mer, pourrait provoquer, pour une large part, l'abaissement du Delta sous le niveau de la mer.

3- La pénétration de l'eau de mer.
La pénétration de l'eau de mer dans la rivière est la conséquence directe de la réduction de la quantité, et donc de la force, de l'eau douce qui débouche dans la mer. La diminution du débit de la rivière est due aux impacts des utilisations agricoles, urbaines, industrielles et énergétiques de l'eau dans les dernières décennies. L'eau salée, plus lourde, forme une "semelle" qui remonte la rivière sous l'eau douce, tandis que la mer gagne la bataille contre la rivière. Il semble qu'il y ait beaucoup d'eau dans la rivière, mais le Delta est majoritairement salé, avec les conséquences néfastes que cela suppose pour l'agriculture, les puits et les autres usages de l'eau douce. La langue d'eau salée atteint régulièrement Amposta (à 25 kms de l'embouchure) et dans les périodes sèches, elle remonte encore plus haut dans le courant.

3.2. Retenues dans les Pyrénées Espagnoles

Le P.H.N. projette la construction d'au moins 100 retenues à travers l'Espagne, destinées à des usages différents, tels l'agriculture, la distribution d'eau urbaine et l'énergie hydro-électrique.
La capacité de stockage des retenues du Bassin de l'Ebre est déjà de 6 500 Hm3 (40% de son actif naturel de 17 000 Hm3/an). Deux autres retenues ont été achevées : Itoiz et Rialp (qui sont remplies maintenant). Cette capacité devraient atteindre 9 850 Hm3 (58 % de l'actif naturel) par la construction de 9 grands barrages et de plusieurs ouvrages de régulation plus petits. Parmi ceux-ci, on trouve les barrages de Biscarrues, Santaliestra, Janovas, Loteta et l'augmentation de capacité de Yesa. Cependant, pendant la période de 1988 à 2000-01, la quantité moyenne d'eau stockée dans les retenues de l'Ebre s'éleva seulement à 4 381 Hm3, beaucoup moins que le stockage prévu dans le projet du PHN.
Cette augmentation de la capacité planifiée pour la régulation de la rivière, est directement liée au projet de transfert de 1 050 Hm3/an du Bassin de l'Ebre vers d'autres bassins de rivières. Ces réserves joueront le rôle d'installations de stockage dans le cadre de cet objectif.
Au siècle dernier, environ 4 000 personnes ont été forcées de quitter leurs maisons et 30 villages ont été désertés, puis noyés. Neuf mille hectares de terres productives ont été immergés dans certaines des plus importantes vallées des Pyrénées. Les nouveaux barrages pénaliseront encore plus les populations qui vivent dans les zones de montagnes, les obligeant à partir et creusant les inégalités régionales entre le monde rural et urbain.

Modifier l'état naturel des rivières des Pyrénées affectera aussi le fonctionnement général de tout le Bassin de l'Ebre. Détruire des kms et des kms de rives boisées et végétales en les noyant, aggravera les crues des rivières et sera une importante atteinte à la bio-diversité. Les rivières seront déshumanisées, perdant leurs activités sociales et ludiques, comme la baignade, la rencontre et les loisirs. Cela représente une baisse générale de la qualité de la vie des gens.

Les besoins des usines hydro-électriques, qui règlent le débit de l'eau, artificialisent la rivière, affectant gravement l'écosystème aquatique. Les périodes de basses eaux seraient rallongées, causant la mort des poissons piégés dans les mares ainsi qu'une augmentation de la pollution. Les remontées artificielles du niveau de l'eau, au début de l'été, auraient un impact négatif sur la végétation des rives et, par conséquent, sur la nidification des oiseaux d'eau. L'expulsion de grandes quantités de sédiments, lors des nettoyages des retenues, auraient également de sérieux impacts, sur la faune et la qualité de l'eau. La baisse de température de l'eau, causée par les centrales hydro-électriques, appauvrit les populations de poissons (en particulier, certaines truites car cette espèce est à l'extrémité supérieure de la chaîne trophique). La végétation, la diversité et la qualité de l'eau seraient également affectées.
Des douzaines de canyons et de gorges seraient noyés. Ces sites sont importants par leur biodiversité, leur beauté et leur capacité à régénérer l'eau.
L'expérience nous a montré que la construction de grands barrages cause aux milieux environnants l'arrêt, ou une transformation difficile, de leur fonctionnement traditionnel. L'équilibre écologique du terrain est altéré, les zones fragiles d'argile et de terreau subissent l'érosion, perdant leur productivité. Ce même sol comble ensuite les retenues, tout comme les sédiments, créant un problème supplémentaire.
A côté de ces impacts environnementaux et sociaux, le patrimoine historique et artistique serait également affecté, subissant une perte incalculable. Ce serait le cas lors de l'engloutissement de villages possédant des monuments historiques référencés et d'une partie du Chemin de St Jacques en Aragon. Ce sentier de pélerins, célèbre dans le monde entier, a été déclaré Patrimoine de l'Humanité par l'Unesco.

4. REPERCUSSIONS DANS LES REGIONS QUI RECEVRAIENT LES TRANSFERTS D'EAU

La gestion de l'eau dans le Levant espagnol (côte sud-est), en particulier la région de Murcia (bassin de la rivière Segura), est confuse depuis que chaque autorité (administration centrale, administration autonome, confédération de l'eau et ministères nationaux) produit diverses données sur les besoins et les ressources en eau. L'Institut National des Statistiques indique une consommation urbaine de 67 Hm3/an, tandis que les Plans de Bassins parlent d'environ 128 Hm3/an pour la même population, une différence de 91 %. C'est cette seconde donnée que le PHN a retenu comme consommation actuelle. La même chose s'est produite pour les chiffres concernant les utilisations agricoles.

Cette consommation disproportionnée crée des problèmes d'environnement à cause de l'augmentation insoutenable de la demande en eau : celle-ci passe de 803 Hm3/an de ressource en eau disponible (offre) à une demande de 2 000 Hm3/an, soit une hausse de 137 %. La dérivation d'eau déjà existante de la rivière Taje à la rivière Segura (400 Hm3/an), construite il y a 20 ans, n'a pas résolu les problèmes qu'elle était censée résoudre. En fait, elle les a aggravés en renforçant la spéculation sur la terre et les droits de l'eau. Ce transfert était supposé se faire pour les 90 000 ha déjà cultivés alors, plus 50 000 ha de nouvelles terres irriguées. A présent, on totalise environ 200 000 Ha, une augmentation de 40 %. A cause de cette hausse disproportionnée, seulement 4 % (1 m3/s) du débit total de la rivière Segura atteint la mer. Les poissons d'origine ont été négativement affectés par l'introduction et l'adaptation de nouvelles espèces dans la rivière. La biodiversité de la flore locale a été réduite, suite aux modifications des écosystèmes troquant les caractéristiques d'un milieu semi-désertique contre ceux de terre irriguée. L'énorme arrivée d'eau en provenance d'autres bassins provoque des problèmes d'ordre sociaux. Elle favorise une inégalité sociale et la spéculation entre agriculture traditionnelle des Vegas et le monde des affaires. Les spéculateurs de l'eau se trouvent dans la région de Carthagène et d'Alicante, tandis que les fermiers locaux de la Vega traditionnelle doivent mendier pour l'eau d'une rivière très polluée. Les administrateurs locaux permettent la conversion illégale de terres naturelles en terres irriguables, tout en ignorant les plaintes de la SEPRONA, des groupements écologistes et autres acteurs locaux. Il s'est produit la même chose pour les forêts qui, après un incendie, reçurent des fonds de l'Union Européenne pour être replantées. Ce reboisement ne fut pas mené correctement et bientôt furent cultivées comme terres irriguées. C'est ainsi qu'une forêt naturelle peut finir en champs de salades. Ces champs sont très vastes et demandent une main d'oeuvre nombreuse et bon marché. Ces travailleurs sont souvent des immigrants illégaux, vivant dans des conditions désastreuses avec les inévitables tensions qui finissent par exploser en actes racistes et violents, tels que ceux vécus l'an dernier à El Ejido et à Torre Pacheo. Ce genre d'agriculture conduit à une surproduction des récoltes qui n'arrange que le monde des affaires. Celui-ci tire à nouveau avantage des aides de l'U.E. pour détruire cette production et déséquilibre le marché. Quand le PHN fut voté, 85 % des 13 500 puits de la région de Murcia furent légalement reconnus aptes à recevoir de l'eau dérivée de l'Ebre. Avant le 26 octobre 2001, ces puits n'étaient pas enregistrés et ne figuraient dans aucun inventaire légal, ce qui démontre clairement le manque de contrôle sur l'utilisation de l'eau dans cette région.

Cette région devrait être profondément impliquée dans une gestion des eaux mais, jusqu'à récemment, elle ignorait les réglementations relatives au traitement des eaux usées, des nitrates et autres. Selon les Plans de Bassins, il y a des fuites importantes dans le réseau de distribution. Environ 1/3 de l'eau (42 Hm3/an) est perdu de cette façon. Les nappes phréatiques naturelles ont clairement surexploitées. On utilise 6 fois plus d'eau des aquifères que leur capacité à se régénérer naturellement, les menant tout droit à la salinisation. L'agriculture intensive contribue également à la dégradation de la qualité des aquifères, à cause de la concentration élevée de nitrates et autre résidus, qui résulte d'une utilisation abusive de pesticides et d'engrais. Des puits bien spécifiques, réservés durant les périodes de sécheresse à la consommation d'eau potable, sont de façon incohérente utilisés pour l'irrigation. Certaines industries continuent de polluer les rivières et demeurent impunies. Ceci entrave le fonctionnement des quelques rares stations d'épuration opérationnelles.

Le gouvernement espagnol (Parti Populaire) a récemment déclassé 20 000 ha de terres vierges, d'une grande valeur écologique, encourageant ainsi plus de spéculation sur le tourisme de masse et l'urbanisation. Enfin, il est à noter dans cette région la prolifération des parcours de golf et d'un type de tourisme nécessitant une consommation élevée d'eau.

5. LA QUALITE DE L'EAU DE L'EBRE

La politique de l'eau actuelle en Espagne maintient l'idée fausse selon laquelle la solution aux problèmes existants porte sur les "inégalités" entre l'abondance de l'eau dans l'Espagne "humide" et la pénurie dans l'Espagne "sèche". Cependant, les importants transferts d'eau pris en compte dans le PHN ne proviennent pas de la véritable Espagne "humide". Pour des raisons techniques et économiques, ils proviennent de bassins de rivières soumis eux aussi au climat Méditerranéen et, désormais, subissant aussi un déficit naturel d'eau. Les transferts proposés n'ont pas seulement une dimension technique mais aussi des implications socio-économiques. La question n'est de résoudre les problèmes techniques d'un transfert d'eau d'un territoire au surplus naturel vers un territoire qui en manque, mais de discuter de l'opportunité d'utiliser une ressource limitée, dans une région comme dans une autre.
La promotion d'infrastructures hydrologiques génère des demandes qui deviennent de plus en plus difficiles à satisfaire. On constate une avidité effrénée envers l'extension de terres irriguées, d'occupation humaine et d'implantation industrielle dans des régions arides, entraînant une conséquente réévaluation de ces terrains.
Nous croyons qu'il doit y avoir un changement ferme des règles du jeu économique, afin de passer d'une économie basée sur la construction d'infrastructures toujours plus nombreuses à une économie utilisant nos ressources d'une manière durable, plus en phase avec les besoins des gens. Le transfert de l'eau de l'Ebre, le trait le plus caractéristique du PHN, est un désastre économique, technique et écologique. Une alternative plus réaliste serait d'engager les politiques de l'eau de l'Etat dans le sens d'une meilleure gestion et de l'épargne de cette ressource.
Le projet de transférer 1 000 hm3 du Bas-Ebre vers les endroits les plus au Sud-Est de la Côte Espagnole traite de cette planification de canaux comme s'il s'agissait de routes. Ce projet ignore non seulement de savoir si l'objectif est raisonnable mais aussi de se poser la question de la qualité de l'eau. Cela ne vaut pas la peine de discuter du sort de cette eau si le projet échoue à atteindre ce qui devait être son but principal : offrir de l'eau de bonne qualité.
Au soi-disant déséquilibre des quantités d'eau disponibles entre l'Espagne "sèche" et "humide", nous devons ajouter le facteur de la qualité de l'eau. Généralement, plus le volume d'eau est faible, plus la qualité de l'eau se dégrade. On constate une évidente détérioration de la qualité de l'eau suivant une ligne qui descend du Nord humide vers le Sud-Est sec. L'eau de tous les bassins de rivières en Espagnes est d'une qualité naturellement pauvre, excepté dans le Nord et la Galicie.

Le bassin de l'Ebre a toujours souffert d'une eau de qualité naturellement pauvre, à cause de la présence importante de sel dans des sections de son cours moyen et inférieur. Celle-ci a été renforcée par les usages de consommation tout le long de son cours. Les rejets urbains et agricoles ont aggravé cette situation. Dans la région où l'eau sera prélevée, les paramètres dépassent les limites, stipulées dans les réglementations sur l'eau pré-potable, de plus de 5 %, comme l'admet le Rapport environnemental du PHN lui-même. De plus, nous devons aussi prendre en considération les risques associés à la centrale nucléaire à Asco.
Tout ceci impliquera le traitement et la dessalinisation de l'eau transférée, dont le coût et la difficulté, ignorés dans le projet, ne peuvent être détaillés ici.
Le contenu des échantillons de sel prélevés dans l'Ebre durant la dernière décennie, à partir des 2 stations situées de part et d'autre de la section où serait détournée l'eau (Mequinenza et Tortosa), montre clairement le pauvre état de l'eau. Celle-ci ne remplit pas les conditions requises pour l'eau pré-potable et pourrait seulement être utilisée pour une irrigation à rendement limité et pour inonder des terres afin d'éviter la salinisation. Il est évident que, afin que cette eau soit utilisable pour tous les usages, elle nécessiterait une dessalinisation et des traitements non pris en compte dans le PHN. Dans les coûts, nous devons aussi mentionner que ces infrastructures pharaoniques demanderont d'importants systèmes de pompage d'au moins 3 kwh/m3. L'eau de mer dessalinisée a seulement besoin de 4 kwh/m3 aujourd'hui et sera certainement plus efficace dans le futur, avec la modernisation des techniques, jusqu'au moment où son coût -sans subventions- ressortira plus bas que celui des eaux transférées, et cela dans toute étude indépendante et réaliste.

Nous pouvons voir ainsi, en considérant simplement le facteur de la qualité de l'eau, que le PHN devient la pire des options, quelque soit le point de vue. Ce désastre technique, économique et social que représente le détournement de l'eau de l'Ebre, le chantier "star" du PHN 2000, démontre l'erreur d'une politique qui promeut des infrastructures et une offre de l'eau en surenchère, plutôt que d'étudier des demandes et des besoins réalistes. Il y a un siècle, quand l'Ebre avait un débit double de celui actuel, avec une meilleure qualité et une salinité moindre et que ce genre de politique était "en vogue", ce projet aurait eu plus de sens que maintenant. L'augmentation des utilisations et de sa consommation, des pollutions, des constructions, tout le long de son cours, ont provoqué la baisse de son débit et de sa qualité pendant que la salinisation se renforçait. Les efforts pour mener à bien ce projet sont dépassés et ne semblent pas réaliser ce qui a changé depuis le siècle dernier, comme si la rivière restait immunisée contre toutes les nombreuses interventions humaines dont elle a souffert.

Nous devons conclure qu'il existe pour l'Espagne deux options possibles pour la gestion future de l'eau. Une des options est plus économique et plus "durable" mais politiquement délicate. L'autre option est plus dommageable, moins "durable" mais politiquement aisée à mettre en oeuvre. Elle demande juste de maintenir le statu quo et de permettre de faire plus d'affaires aux services publics et aux sociétés de construction, à la distribution et à la vente de l'eau, et aux propriétaires des concessions d'eau.


6. ANALYSES ECONOMIQUES

Le mémoire économique justificatif des transvasements de l'Ebre présenté par le Gouvernement espagnol comporte de graves erreurs témoignant de tergiversations méthodologiques et conceptuelles injustifiables et extérieures au débat scientifico-technique, puisque dérogeant à la rigueur d'analyse économique coût-bénéfice, avec l'objectif évident d'obtenir des bilans positifs préconçus.
Nous résumerons ces erreurs dans les points suivants :

A) Budgets précoces orientés à la baisse. Ceci fut démontré (contrairement aux déclarations inscrites dans le mémorandum du PP) à l'occasion du concours public pour le premier tronçon de transvasement Jucar-Vinalopó, récemment suspendu car ayant fait l'objet d'offres de la part des entreprises intéressées dépassant le double du plafond budgétaire fixé; un autre exemple concerne le barrage d'Itoiz, pièce clef du PHN déjà réalisée, qui a provoqué des reconsidérations budgétaires autour du 100%...

B) Les périodes d'amortissement sont excessives. Assigner à tous les investissements une période d'amortissement de 50 années, acceptable pour les grands barrages ou les canaux, est cependant hors délai pour une bonne partie des infrastructures prévues (25% des investissements), telles les installations de pompage etc., dont les délais d'amortissement ne doivent pas dépasser 15 ou 20 ans.

C) Sous-valoration des coûts énergétiques de pompage et surestimation de l'énergie produisible. Une fraude méthodologique apparait dans le chapitre énergétique où l'analyse économique qui conviendrait est remplacée par une analyse financière : le résultat en est une lecture de l'énergie consommée évaluée à la moitié du prix de l'énergie produite (5 Pts/kWh face à 11.2 Pts/kWh). D'autre part les prévisions de croissance des coûts énergétiques durant les 50 prochaines années ne bénéficient pas de l'attention et du sérieux requis.

D) Erreur conceptuelle dans l'utilisation de la valeur ajoutée nette comme bénéfice agricole. Cette procédure, qui peut avoir son utilité dans certains cas, ne l'est pas ici, où l'analyse porte sur un investissement public pour le développement d'activités privées intensives en capital et dont l'objectif ne peut être que la maximisation des bénéfices patronaux. Par le biais de cette "erreur", les bénéfices, notamment, en ressortent gonflés, en considérant comme identiques les coûts de travail et de capital. Cette approche fomente une estimation du bénéfice net produit en moyenne par l'irrigation Méditerranée à 0.72 EURO/m3, étant donné que le plan lui-même reconnaît la disponibilité au paiement dans ces irrigations en moyenne entre 0.12 et 0.18 EURO/m3 seulement. Le fait que le marché libre des eaux souterraines établisse aujourd'hui des prix moyens ne dépassant pas généralement 0.18 EURO/m3 avalise ce gonflage des bénéfices agricoles.

E) Les coûts de règlement des débits ne sont pas comptabilisés. Selon le Plan, le règlement des débits devrait être réalisé pour le barrage de Mequinenza, qui est privé (propriété de l'entreprise hydroélectrique ENHER). Cependant dans les calculs pas un seul EURO n'apparaît en contrainte pour l'expropriation ou l'indemnisation à charge de cette entreprise. En comparaison, dans le transvasement Júcar-Vinalopó, l'entreprise Iberdrola réclame 6 millions d'Euros/année pour céder le barrage de Cortes, du modeste volume de 100 hm3/an, le dixième du transvasement prévu dans l'Ebre.

F) Les coûts de purification des débits du bas Ebre, caractérisés comme de mauvaise qualité, ne sont pas non plus pris en compte. Une telle caractérisation, effectuée officiellement dans le Plan du bassin de l'Ebre (hauts niveaux de salinité), empêche de considérer ces eaux comme pré-potables, hypothèse impliquant dès lors des coûts élevés, spécialement pour l'utilisation urbaine. D'autre part, la détérioration de la qualité qu'induiront dans ces eaux transférables les détournements et les retours contaminés de centaines de milliers de nouveaux hectares d'irrigation prévus par le PHN dans le Bassin de l'Ebre, est pareillement laissée en marge des décomptes chiffrés.

G) La valeur des débits urbains est a contrario sur-estimée. La manoeuvre consiste à falsifier l'application du concept de "valeur d'opportunité", en posant la dessalinisation de l'eau de mer (surévaluée à 0,81 Euros/m3) comme alternative meilleur marché en cas de non-besoins urbains éventuels, au lieu d'utiliser comme alternative plus économique la valeur d'opportunité des débits agricoles (tout au plus 0.18 EURO/m3 comme moyenne sur les marchés d'eaux privées à Murcie). La simple rectification de ce concept condamne à lui-seul le bilan économique global comme négatif.

Le principe de Récupération Intégrale des Coûts ne sera pas appliqué :
L'évaluation portant sur les coûts de chaque tronçon est occultée ; lui est substitué un coût moyen de 0.32 EURO/m3 (sous-estimé, pour les raisons expliquées), que cache le coût assignable à chaque tronçon. Un tel coût qui, se fondant sur les calculs du Gouvernement, dépasserait 0.6 EURO/m3 pour Almeria ou Murcie et qui, comptabilisant les coûts réels d'après des calculs rigoureux, se placerait au-dessous d'1 EURO/m3, contrastant ainsi avec une disposition au paiement de moyenne inférieure à 0.2 EURO/m3, comme indiqué actuellement par les marchés d'eaux privées, s'élevant jusqu'à 0.33 dans des zones comme Almeria. Aujourd'hui la dessalinisation d'eaux marines tourne autour de 0.5 EURO/m3, et fournit des eaux de qualité très supérieure à celle des transvasements.


7. LA SOCIETE CIVILE CONTRE LE TRANSFERT D'EAU DE L'EBRE

Un important mouvement populaire contre le PHN a grandi dans les régions de l'Ebre, au sein duquel de nombreuses personnes, de tous âges, de toutes conditions et convictions, se retrouvent ensemble. Entreprises, petits commerces, coopératives agricoles, syndicats et autres, ont manifesté leur rejet du PHN. Fermiers, marins-pêcheurs, étudiants, retraités, fonctionnaires, associations de quartiers, centres culturels et une large représentation sociale ont participé à des manifestations en Espagne et en Europe. Ces manifestations ont montré que la grande majorité des citoyens affectés par ce Plan n'acceptent définitivement pas celui-ci. Toutes les campagnes de protestation et les manifestations ont obtenu un vif succès, avec une énorme participation des gens. Ceci n'a pas eu lieu seulement dans les régions de l'Ebre (Amposta, Tortosa, Mora d'Ebre) mais également ailleurs et même à l'étranger : Zaragoza (novembre 2000), Barcelone (février 2001), Madrid (mars 2001) et Bruxelles (septembre 2001).

Un des points importants à mentionner est le nombre élevé de femmes participant à ce mouvement, aussi bien dans les manifestations que dans la récolte des fonds. Il y a, dans le marché couvert de Tortosa, un stand où nos produits sont vendus et l'information diffusée. Ceci donne au mouvement continuité, popularité et accueil sociable. Les jeunes sont aussi très impliqués et actifs, renforçant leurs convictions écologiques. Ils sont convaincus de se battre pour leur futur, car ils perçoivent que, si l'eau de l'Ebre est détournée, il y aura moins d'opportunités de travail dans la région que maintenant. Les gens sont en train de comprendre que le développement économique local est lié à l'eau. Différentes formes de croissance économique peuvent se produire dans les régions qui reçoivent de l'eau. Ce fut le cas pour Tarragone. Dans les 10 ans qui suivirent l'arrivée d'un transfert d'eau provenant de l'Ebre, on assista dans cette région à une spectaculaire croissance urbaine, démographique, industrielle et touristique, tandis que les territoires de l'Ebre voyaient leur situation stagner, voire même régresser sous certains aspects.
L'opposition au PHN démarra en septembre 2000, après que le gouvernement espagnol eu rendu le Plan public. "La Plateforme pour la Défense de l'Ebre" (PDE) se constitua à ce moment et, bientôt, de nombreux groupes (culturels, sportifs, économiques, etc...), venus de différents villages et villes des régions situées le long de l'Ebre, ainsi que des milliers de personnes venant d'autres endroits de la Catalogne, se joignirent à la PDE. La Plateforme pour la Défense de l'Ebre est un mouvement social dynamique et flexible et n'a rien d'une organisation figée. La PDE n'a pas d'existence juridique, n'a pas de bureau fixe, ni de membres cotisants. Les gens qui travaillent pour la PDE ne sont pas payés pour cela, ils prennent sur leur temps libre. Il n'y a pas de dirigeants élus, seulement des porte-paroles sans cesse renouvelés. Nous pouvons assurer que toute personne contre le détournement de l'eau de l'Ebre et contre le PHN, qui participe aux manifestations et autres actes de protestation, forme une partie de la "Plateforme".

La PDE est un mouvement de concertation, où toutes les actions sont décidées dans des assemblées de citoyens ouvertes. Il y a un grand nombre de plateformes locales agissant au niveau local. Les représentants de ces plateformes se rencontrent à la Plateforme inter-villes pour étudier les thèmes et planifier les futures actions. Cette réunion est également une assemblée libre. Les débats importants et les discussions ont lieu lors d'une assemblée générale où chacun est encouragé à venir. Environ mille personnes peuvent alors être présentes lors de ces rencontres.

Outre toutes les manifestations en Espagne, la plus emblématique action réalisée par ce mouvement fut "La Marche Bleue". La Marche Bleue est partie le 10 août 2001 du Delta de l'Ebre. Elle a remonté la rivière, traversé la France (Pau, Toulouse, Lyon, Paris), parcouru l'Allemagne (Cologne), puis atteint Maastrich. Dans la plupart des villes, les marcheurs furent accueillis par les autorités locales. A Paris, par exemple, ils furent reçus au Ministère de l'Environnement. La Marche Bleue arriva à Bruxelles le 8 septembre et culmina par une énorme manifestation le jour suivant. Plus de 15 000 personnes des bords de l'Ebre débarquèrent à Bruxelles ce week-end là. Sous une pluie diluvienne, les manifestants demandèrent à l'Union Européenne de ne pas financer le PHN, promu par le gouvernement espagnol. Le lendemain, les analyses scientifiques de la Plateforme et les pétitions furent remises au Parlement Européen. On estime que cette manifestation fut la plus grande jamais vue à Bruxelles de personnes venant d'un autre pays que la Belgique. Et ce fut aussi la première manifestation pour une "nouvelle culture de l'eau".

Des actions récentes ont vu Greenpeace faire de la lutte contre le PHN et le transfert de l'Ebre, et les menaces qui pèsent ainsi sur les écosystèmes de la rivière et du Delta, une de ses priorités. Ils suivent activement le problème et déposent leur propre pétition auprès du Parlement Européen. Leur symbole le plus fameux, le Rainbow Warrior, s'est mis à quai à Sant Carles de la Ràpita, dans le Delta, le 5 février. Trois bateaux plus petits ont remonté la rivière jusqu'à Amposta où les activistes ont déployé sur le pont une énorme bannière :

"Sauvons le Delta de l'Ebre"

 
  (Cette traduction ERN n'a pas valeur de document officiel
et ne saurait engager notre responsabilité de quelque manière que ce soit.)

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