LE PLAN HYDROLOGIQUE NATIONAL ESPAGNOL

 

  • ESSAI UNIVERSITAIRE SUR LE P.H.N.

Réalisé par Valérie Lacroix
Université Libre de Bruxelles
IGEAT - Section Environnement

Année Académique 2001 - 2002

 

 

LE TRANSVASEMENT DE L'EBRE

par Valérie Lacroix
valerindi@yahoo.com

Notes d'orientation
pour une réduction des impacts environnementaux



Table des matières

A. Analyse de la situation

1. Le Plan Hydrologique National, une répartition géographique de l'eau

2. La gestion de l'eau en Espagne, entre tradition et modernité

3. Acteurs et controverse du transvasement de l'Ebre
3.1. Les acteurs

3.2. La controverse

B. Proposition de modification du transvasement de l'Ebre

1. Définition générale des plans d'action

2. Le dessalement de l'eau de mer à Almeria

3. Programme agro-environnemental d'adaptation au climat

Bibliographie

...............................................................................

A. Analyse de la situation

1. Le Plan Hydrologique National, une répartition géographique de l'eau

Approuvé par le gouvernement espagnol en février 2001, le Plan Hydrologique National (PHN) projette la construction de plus de 1.000 km de canalisations, de 118 barrages et de 41 usines de dessalement sur une période de huit ans.
Le transvasement de l'Ebre, qui consiste à dévier plus d'un milliard de m³/an du fleuve vers des zones de sécheresse conjoncturelle ou structurelle de la côte méditerranéenne, représente le principal tracé du PHN.

C'est dans le but de résoudre le déséquilibre géographique et saisonnier de l'offre et de la demande en eau que le PHN a été conçu. En effet, 70% de l'eau disponible en Espagne provient du Nord, alors que l'arc méditerranéen et l'Andalousie, où se concentrent le tourisme et l'agriculture intensive irriguée, regroupent 55% de la population et disposent seulement de 23% de l'eau (Octavi Marti (décembre 2000), " L'Espagne victime de son hydroschizophrénie ", Courrier de l'UNESCO, http://www.unesco.org)

Situé en Aragon, région du nord-est de l'Espagne, le bassin de l'Ebre, qualifié par le PHN d'excédentaire, s'étend sur 85.550 km². La répartition de 1.050 hm³/an du débit du fleuve répond à une estimation, pour 2025, de la croissance démographique et économique des provinces réceptrices. Le tableau 1 fait ressortir l'impossibilité de satisfaire la demande future en eau avec les ressources disponibles actuellement.

Tableau 1:

Catalyseurs climatiques, économiques et sociaux du transvasement de l'Ebre

Provinces Réceptrices
Situation actuelle
de l'offre en eau
Transferts prévus
en eau (hm3/an)
Catalyseurs de la demande en eau
Barcelone
(Catalogne)
Pas de déficit
190
Croissance urbaine
Valence
(Valence)
Sécheresse conjoncturelle
Bassin du Jucar
315
Tourisme de masse
Irrigation intensive
Murcie
(Murcie)
Sécheresse structurelle
Bassin déficitaire du Segura
450
Potentiel touristique
Irrigation intensive
Almeria
(Andalousie)
Sécheresse structurelle
95
Développement touristique
Horticulture en serre

L'agriculture, qui représentait en Espagne 77,6% de la consommation d'eau en 1999 (http://www.ine.es), est la principale bénéficiaire du transvasement: 56% de l'eau déviée lui seront attribués, contre 44% destinés à usage urbain (http://www.mma.es) . Afin de pallier à la demande urbaine en eau, qui augmente considérablement durant la saison touristique, le PHN prévoit la construction de 16 usines de dessalement le long de la côte méditerranéenne, produisant ainsi un supplément de 464 hm³ d'eau.

Réalisable grâce au progrès technique de l'infrastructure hydraulique, le transvasement de l'Ebre n'en demeure pas moins un projet solidement ancré dans l'histoire de l'Espagne.

2. La gestion de l'eau en Espagne, entre tradition et modernité

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, "la politique de l'eau en Espagne consiste essentiellement à gérer l'offre, c'est-à-dire à réaliser des grands travaux de génie hydraulique destinés à la production d'électricité, à l'irrigation et à la distribution d'eau."(O.C.D.E. (1997), Examens des performances environnementales, Les Editions de l'O.C.D.E., Paris, p. 66). Datant des années 60, le premier grand transvasement prévoit de dévier 600 millions de m³/an du Tage (ouest/centre-ouest) vers le Segura (sud-est).
Avec ses 1.200 barrages, l'Espagne est aujourd'hui le pays au monde qui, proportionnellement à sa superficie, compte la plus importante surface recouverte par de l'eau des barrages.(Octavi Marti, o. c., http://www.unesco.org)

La promulgation de la Nouvelle Loi sur l'Eau en 1985 et l'adhésion à la Communauté européenne en 1986 ont marqué un changement d'orientation, mettant l'accent sur la gestion des ressources et la protection de l'environnement. "Cette loi intègre dans le droit interne espagnol les directives européennes sur l'eau adoptées antérieurement à son entrée en vigueur. (…) Elle constitue le cadre de la planification des basins fluviaux et encourage la participation des usagers à la gestion de l'eau."(O.C.D.E., o. c., p. 60).

Ainsi dotée d'une législation moderne allant dans le sens du développement durable, l'Espagne est cependant confrontée à une longue tradition agricole. Bien qu'étant le pays le plus aride de l'Union européenne (U.E.), l'Espagne a vu croître sa surface irriguée à environ deux fois le rythme des autres pays méditerranéens.
Responsable de plus de 80% de la consommation d'eau sur le littoral Est, l'irrigation épuise aussi bien les eaux de surface que les eaux souterraines. Liés à ces prélèvements excessifs, les problèmes de gestion des eaux agricoles sont nombreux:

Selon une étude réalisée en 1996 par l'O.C.D.E., "le rendement moyen d'utilisation de l'eau dans les systèmes d'irrigation espagnols est inférieur à 47%. Plus de 70% des systèmes d'irrigation du pays datent de plus de vingt ans, et 29% de deux cents ans. La petite taille des exploitations irriguées (2,2 hectares en moyenne), le nombre de petites parcelles et le mauvais état de nombreux canaux d'irrigation et de distribution nuisent à l'exploitation de ces systèmes. Un tiers seulement des systèmes utilise des méthodes modernes telles que l'irrigation locale par aspersion ou par ruissellement."(O.C.D.E., o. c., p. 67-68).

Largement subventionnée, l'agriculture bénéficie en plus de tarifs préférentiels pour l'eau, variant selon les régions (tableau 2). "Pour l'irrigation, le prix est généralement calculé en fonction de la superficie irriguée plutôt que du volume prélevé. Les prix dépendent de la façon dont les principaux coûts sont amortis et/ou sont remboursés (…), mais le plus souvent ne couvrent qu'une partie de ce coût."(O.C.D.E., o. c., p. 62-63). Ainsi, alors que l'énorme investissement en infrastructure induit une eau à la source la plus coûteuse d'Europe, l'eau espagnole est paradoxalement parmi la moins chère de l'U.E..

Tableau 2:

Prix de l'eau pour les consommateurs urbains et agricoles dans les régions réceptrices du transvasement de l'Ebre


Régions
Réceptrices

Consommation Urbaine
(cents €/m³)
Irrigation

(cents €/m³)

(cents €/ha)
Andalousie
60
4,17
27.337
Catalogne
94
0,45
3.248
Murcie
103
9,68
22.881
Valence
65
2,19
17.802

Source: Institut National de Statistiques

Si le Plan National pour l'Irrigation, adopté en 1996, prévoit la modernisation des systèmes d'irrigation actuels, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer le rendement agricole, et conséquemment baisser la consommation d'eau. Synthétisant les problèmes à résoudre, le Livre Blanc de l'Eau e-n Espagne de 1998 insiste sur la nécessité pour l'Espagne de se distancier progressivement du modèle agricole.

Marquant durement le Sud du pays, les sécheresses du début des années 90 ont balisé l'importance d'une distribution garantie de l'eau auprès de la population. Répondant à cette appréhension, le PHN en appelle à la solidarité inter-régionale pour assurer une homogénéisation de la ressource sur l'ensemble du territoire.

Inscrit dans la tradition des grands bassins hydrologiques, le PHN adopte cependant certaines mesures modernes:

- Le Plan Intégral du Delta de l'Ebre prévoit 500.000 millions d'euros pour évaluer et réduire l'impact environnemental de la diminution du débit du fleuve suite au transvasement. De plus, il n'y aura pas de prélèvement d'eau du mois de juin au mois de septembre inclus, ni quand le débit sera inférieur à 100m³/s.

- Des 20.000 milliards d'euros prévus pour l'élaboration du PHN, 958.594 millions sont destinés à la modernisation du système de distribution, 427.996 millions à l'épuration des eaux, et 286.717 millions à la reforestation des bassins.

- Afin de rentabiliser l'investissement en infrastructure, l'eau de l'Ebre sera vendue à 32 cents €/m³, quel que soit son utilisateur. Inconvénient: suite au tarif préférentiel maintenu jusqu'ici, ce nouveau tarif représente huit fois le prix moyen habituellement payé par les agriculteurs de l'arc méditerranéen, et deux fois moins celui payé par les utilisateurs urbains (tableau 2).

3. Acteurs et controverse du transvasement de l'Ebre

Chantier hydrologique le plus vaste jamais envisagé en Europe Occidentale, le transvasement de l'Ebre a suscité une polémique sans précédent en Espagne. Depuis la présentation du projet, plus d'un million de personnes ont manifesté contre " l'autoroute de l'eau ".
Par son ampleur, le transvasement de l'Ebre met en scène des acteurs tout aussi divers que nombreux.

3.1. Les acteurs

Les institutions de l'Union européenne

Le gouvernement espagnol espère obtenir des fonds de l'U.E. entre 30% et 40% de l'investissement total (20.000 millions d'euros) nécessaire à l'accomplissement du PHN.

Plusieurs institutions influentes de l'U.E., tels que le Parlement européen, la Commission à l'Environnement, ou l'Agence Européenne de l'Environnement, ont pourtant émis de sévères critiques par rapport au plan. Le PHN irait ainsi à l'encontre de quatre directives européennes:

- La Directive Cadre sur l'Eau ainsi que la Directive Marco. Cette dernière, dont l'approbation finale doit aboutir en 2003, définit une gestion isolée de chaque bassin et le cas échéant, l'accord requis de l'U.E. De plus, il est stipulé que dans une situation de conflit, les intérêts du bassin cédant doivent être mis en priorité.

- La Directive Habitat assure la protection des sites du réseau Natura 2000. Le PHN affecterait l'écosystème d'environ 70 sites de ce réseau.

- La Directive concernant la conservation des oiseaux sauvages; le delta de l'Ebre, affecté par le transvasement, est en effet un lieu de transit important pour certaines espèces migratoires.

Les institutions de l'U.E. ont également remarqué que d'autres alternatives, telles que la dessalement, la réutilisation des eaux résiduelles ou l'instauration d'un prix-vérité de l'eau n'avaient pas suffisamment été étudiées.

Ceci dit, la décision finale quant à l'octroi des fonds sera prise sur base d'une étude en cours, réalisée par la Direction Générale Environnement.


Les institutions publiques au niveau national

Le Partido Popular (P.P.), bénéficiant d'une forte majorité au sein du gouvernement, a eu de ce fait plus de facilité à faire approuver le PHN. L'opposition n'en a pas moins profité pour lancer le débat au sein de l'arène politique.

"Le Conseil de l'eau est l'organe consultatif suprême pour les questions d'intérêt national relatives à l'eau et, notamment, pour le PHN. Il est composé de représentants des autorités centrales et des régions autonomes, des agences de bassin et de groupements à vocation professionnelle et économique intéressés par les questions de l'eau."(O.C.D.E., o. c., p. 60-61). Réunissant donc des intérêts divergents, le Conseil de l'eau a débattu le pour et le contre du PHN durant cinq mois avant de l'approuver en janvier 2002, avec 69 voix contre 15.(http://www.el-mundo.es)

Le Ministère de l'Environnement est l'organe compétent pour toutes les questions relatives à l'eau. Il a apporté un soutien total au gouvernement, notamment par une présentation positive du projet auprès de la population.

"Au sein du Ministère de l'Environnement, la Direction générale des travaux publiques et de la qualité de l'eau (…) élabore le PHN et supervise les activités des Agences de bassin."(O.C.D.E., o. c., p. 60)


Les institutions publiques au niveau régional

"Entités régionales de l'Espagne, les Communautés Autonomes se fixent leurs propres objectifs en matière de gestion de l'eau."
Par une redistribution de la ressource, le PHN confronte les intérêts de la région cédante (Aragon) à ceux des régions réceptrices (Catalogne, Valence, Murcie et Andalousie). Craignant de voir disparaître " leur " eau, les acteurs aragonais condamnent majoritairement le PHN. Par contre, pour les régions souffrant de sécheresses, le PHN représente une démocratisation de la ressource sur le territoire. Murcie, bénéficiaire de plus de 40% de l'eau transvasée, est la principale instigatrice du projet. Si la Catalogne et Valence soutiennent également le transvasement, l'Andalousie fait cependant exception. Critiquant même le PHN, elle se rallie à Aragon pour proposer des alternatives viables.

Chargées de mettre en œuvre le PHN, les Agences de bassin jouent un rôle capital dans la gestion de l'eau au niveau régional. "A partir des plans hydrologiques de bassin qu'elles ont élaborés, elles préparent des programmes d'investissement pour l'infrastructure de distribution et de traitement de l'eau. (…) Les agences de bassin octroient également des concessions pour les différentes utilisations de l'eau: production hydroélectrique, alimentation des villes et agriculture.


Les institutions publiques au niveau local

Représentant le secteur économique le plus gourmand en eau, les Associations d'irrigation regroupent les agriculteurs d'une même concession. Elles peuvent jouer un rôle essentiel au niveau local, puisque tout changement de mode de consommation de l'eau par les agriculteurs implique la négociation avec cet organe.


Les lobbies

Avec 40% de l'investissement provenant du secteur privé, le PHN se présente comme un instrument de développement économique prometteur, et bénéficie par conséquent de l'appui de groupes de pression divers.

Suite à l'implantation massive de barrages qu'a connu l'Espagne, le lobby de l'hydroélectricité use d'une influence significative sur les modes de gestion de l'eau. La construction de 118 nouvelles retenues d'eau, prévue par le PHN, représente pour ce secteur un renouveau économique de poids.
Se ralliant à ce puissant groupe, la Fédération patronale des travaux publiques exerce également une forte pression en faveur du PHN.
L'augmentation de l'offre d'emploi résultant de la mise en place de l'infrastructure représente un argument de poids mis en avant par ces deux groupes. Postérieurement, le maintien et la gestion de l'infrastructure viendraient prolonger l'effet bénéfique du PHN sur le taux de chômage, aujourd'hui l'un des plus élevés de l'U.E. (15,2% contre 8,8% pour l'U.E.).

Autre groupe de pression important, le lobby du béton bénéficierait du PHN sur deux plans. En effet, si l'édification des barrages profite de manière directe à cette industrie, la construction de nouveaux complexes touristiques qui résulterait de l'augmentation de l'offre d'eau représente un appât certain. La côte méditerranéenne est certes surdéveloppée, mais le tronçon sud, de Murcie à Almeria, est relativement peu construit. L'approbation du PHN aurait déjà entraîné des spéculations immobilières dans cette région.

Les grandes exploitations agricoles et les Syndicats d'irrigateurs sont deux autres groupes de pression qui bénéficieraient de l'augmentation de l'offre en eau.


Les O.N.G.

Greenpeace, WWF et European Rivers Network sont les trois O.N.G. internationales luttant contre le PHN. Selon Greenpeace, le transvasement de l'Ebre ne satisfait que les intérêts du secteur privé. Leur dénonciation, selon laquelle l'eau de l'Ebre servira à arroser 66 champs de golf de Murcie et de Valence, ainsi que les complexes hôteliers qui les entoure, a un but mobilisateur.

Encore plus extrémistes, Ecologistas en Acción est une association regroupant prés de 300 groupes écologistes d'Espagne.

Les associations COAGRET et la Plate-forme de Défense de l'Ebre défendent les personnes affectées par le transvasement. Ils dénoncent le déplacement des villages lors de l'édification de barrages, ainsi que les conséquences négatives de la diminution du débit de l'Ebre sur les activités agricoles et piscicoles de Delta.

Regroupant des experts de plus de 70 universités, la Fondation pour une Nouvelle Culture de l'Eau porte un regard plus scientifique sur le projet de transvasement.

Ces O.N.G. formulent des actions de sensibilisation de la population, organisent des manifestations contre le transvasement de l'Ebre, et font pression sur les divers acteurs. Ainsi, sous l'impulsion de la Plate-forme de Défense de l'Ebre, de COAGRET et de European Rivers Network, la Marche Bleue de septembre 2001 assemblait devant l'U.E. 10.000 Espagnols venus manifester contre le financement du PHN.


La Mission d'avis de la Convention RAMSAR sur les estuaires

L'Espagne est membre de cet organe de coopération pour la conservation des estuaires. Suite à une étude d'impact environnemental, la Mission d'avis a conclu que le PHN pourrait avoir un impact conséquent sur le Delta de l'Ebre.


3.2. La controverse

U.E., Communautés autonomes, O.N.G., scientifiques et experts sont autant d'acteurs à avoir critiqué le transvasement de l'Ebre. Ce récapitulatif des principales accusations et solutions de remplacement nous permettra de mieux établir un plan d'action satisfaisant le maximum d'acteurs.

Les impacts environnementaux du transvasement de l'Ebre

Des 70 sites du réseau Natura 2000 affectés par le transvasement, le Delta de l'Ebre est celui qui reçoit le plus d'attention de la part des opposants au transvasement. Deuxième patrimoine en biodiversité d'Europe, le Delta de l'Ebre est déjà menacé par une riziculture intensive qui couvre 65% de l'estuaire. Selon la Mission d'avis RAMSAR, le transvasement pourrait avoir un impact significatif sur la faune et la flore du Delta pour trois raisons:

- la diminution du débit écologique minimal
- les intrusions d'eau salée résultant de la diminution du débit
- la réduction des sédiments

Selon un biologiste présent à la Conférence Internationale sur le PHN , le transvasement aurait également des répercussions sur les écosystèmes des fleuves récepteurs. La faune piscicole, pour ne mentionner qu'un exemple, connaîtrait un déclin suite à la modification de son habitat, à l'effet barrière des retenues et à l'introduction d'espèces exotiques.


Le changement climatique

Les acteurs opposés aux transvasement s'accordent tous sur ce point: les conséquences du réchauffement planétaire sur le débit de l'Ebre n'ont pas été prises en compte par le PHN.
Selon le groupe de physique du climat de l'université de Madrid, la pluviosité du bassin de l'Ebre présente une tendance à la baisse qui risque de se maintenir. Au mois de février 2002, le débit de l 'Ebre était de 99 m³/s, comparé à une norme de 700 m³/s pour cette période de l'année. Si cette sécheresse se maintient, les prélèvements d'eau envisagés par le PHN ne seront physiquement plus réalisables.


L'anti-modèle du transvasement Tage - Segura

Le cas du Tage - Segura est communément utilisé par les opposants au transvasement de l 'Ebre pour mettre en garde contre la spirale inflationniste de la demande en eau qui peut résulter de grands transferts.
Entrepris durant les années 60, le projet prévoyait de dévier 600 millions de m³/an du bassin excédentaire du Tage vers le bassin du Segura. "Mais en 1999, la Castille (arrosée par le Tage) n'acceptait plus de céder que 40 millions de mètres cube, soit moins de 10% du volume prévu initialement. Que s'était-il passé entre-temps ? D'une part, dans les régions riveraines du Tage, la culture du maïs, grande consommatrice d'eau, avait proliféré. (…) D'autre part, dans la région de Murcie (arrosée par le Segura), qui bénéficie du transvasement, les zones irriguées se sont considérablement accrues. Le biologiste José Luis Benito constate ainsi que "aussi fou que cela paraisse, le transvasement du Tage a rendu structurelle et permanente une sécheresse qui n'était jusque-là que conjoncturelle et épisodique".


Les déséquilibres intrinsèques au transvasement

Selon les Aragonais, le transvasement de l'Ebre accentuera le déséquilibre économique entre les régions intérieures et celles de la côte méditerranéenne, bénéficiant de l'industrie du tourisme. Ainsi, une diminution de l'offre d'eau pourrait être néfaste à l'économie aragonaise, qui dépend majoritairement de l'agriculture irriguée le long du bassin de l'Ebre.
S'en suit un conflit d'intérêt inter-régional qui risque d'avoir des conséquences sociales à long terme. Le rapport de force semble pencher en faveur de la Catalogne, puisque le Plan Intégral du Delta de l'Ebre déterminera le débit hydraulique à respecter pour le maintien de l'écosystème de l'estuaire (situé dans cette région).

Autre déséquilibre géographique que provoquerait le PHN: l'exode des zones intérieures vers la côte méditerranéenne, déjà surpeuplée.


Les alternatives proposées au transvasement

Si le PHN inclut, nous l'avons vu, différents modes de gestion de l'eau, l'entièreté du transvasement de l'Ebre pourrait, selon les critiques être remplacé par une série d'alternatives.

Voici un aperçu des solutions proposées visant à augmenter l'offre d'eau :

- le dessalement de l'eau de mer
- l'épuration et la réutilisation des eaux résiduelles
- la modernisation du système de distribution et d'irrigation
- l'utilisation de citernes d'eau de pluie

Les opposants au transvasement proposent également des solutions visant à réduire la demande en eau :

- l'application du principe utilisateur - payeur et l'installation de compteurs dans les canaux d'irrigation
- le remplacement de certaines cultures par d'autres moins consommatrices en eau
- le démantèlement des cultures irriguées illégales
- des actions de sensibilisation au niveau agricole et urbain.

L'étude de la polémique concernant le PHN nous permet de faire ressortir deux inconvénients majeurs à la poursuite du projet tel qu'il est défini aujourd'hui :

- Une partie importante de l'électorat espagnol est réticente au transvasement de l'Ebre.
- L'U.E. hésite à fournir les fonds pour soutenir un projet qui ne va pas dans le sens du développement durable.

Il serait par conséquent prudent d'envisager une réduction des impacts environnementaux au sein du projet de transvasement de l'Ebre.


B. Proposition de modification du transvasement de l'Ebre

1. Définition générale des plans d'action

Si le transvasement de l'Ebre induit des effets négatifs indéniables, les opposants au projet négligent souvent la prise en compte des contraintes socio-économiques suivantes :

- Le sud de la côte méditerranéenne subit régulièrement des sécheresses, qui se répercutent sur l'économie du pays par une baisse de la productivité agricole.

- La vaste expérience en gestion de barrages que connaît l'Espagne prévaut au risque que représentent des techniques alternatives encore mal connues.

- Le transvasement implique un développement économique, ainsi que la création de nombreux emplois. De ce fait, il est soutenu par des lobbies influents.

Abandonner le projet n'est donc plus envisageable à ce stade. Par contre, il est possible de réduire l'impact environnemental du transvasement de l'Ebre tout en conciliant les intérêts des acteurs économiques. Pour ce faire, la modification de deux paramètres fondamentaux doit être mise en œuvre à différents niveaux de l'ouvrage hydraulique :

- le volume d'eau prélevé (calculé en Hm³)
- l'étendue du réseau de distribution (calculé en km)

Une disproportion entre ces deux variables ressort au niveau de la desserte en eau d'Almeria. En effet, pour un apport de seulement 9% du volume total d'eau prélevée (95/1.050), le réseau de distribution est prolongé de plus de 30% (300/1.020).
Retirer Almeria du projet permettrait de réduire l'impact environnemental du transvasement, dû à la construction de canalisations et de barrages, sur plus de 300 km. De plus, l'attitude critique de l'Andalousie par rapport au transvasement permet de présumer qu'il n'y aura pas de contestation politique majeure si une alternative viable est proposée. L'option du dessalement de l'eau de mer pour créer de l'eau potable sera étudiée dans la seconde partie de ce chapitre.

Cependant, diminuer l'impact environnemental sur le Delta de l'Ebre suppose une réduction plus large du volume d'eau prélevé.
Pour ce faire, nous proposons d'embrayer un programme agro-environnemental d'adaptation de la production agricole au climat méditerranéen, au sein d'entités locales disséminées sur les trois régions réceptrices restantes (la Catalogne, Murcie et Valence). Détaillé dans la troisième partie de ce chapitre, ce plan d'action devrait conduire à une réduction de la consommation d'eau de 50 Hm³/an par région, à l'achèvement de la mise en place de l'infrastructure de transfert.

Bilan physique de ces deux plans d'action :

- réduction de 23% du volume prélevé (1.050-95+(50x3) = 805 Hm³)
- réduction de 31% de la longueur du réseau de distribution (1.020-317 = 703 km)

A ce stade, le projet de modification du transvasement de l'Ebre présente déjà différents avantages:

- L'impact environnemental sur le Delta de l'Ebre est amoindri par la réduction des prélèvements d'eau. De plus, le nombre de sites du réseau Natura 2000 affectés par le transvasement est diminué sur plus de 300 km.

- L'U.E. appréciera l'effort entrepris et accordera sans doute plus facilement les fonds d'investissement.

- Présenté comme un compromis avec la population opposée au projet initial, ces plans d'action ont la capacité de résorber un conflit qui s'était élevé à l'échelle nationale. Répartir la diminution des apports en eau sur l'ensemble du territoire maintient un équilibre non conflictuel.
- Les principaux acteurs économiques du projet initial ne sont pas pour autant écartés.

- L'investissement épargné sur l'infrastructure pourra être réinvesti dans la réalisation des alternatives proposées. Une étude du coût de ces projets doit être réalisée dans ce sens.

- La mise en œuvre des deux plans d'action induit la création de nouveaux emplois.

- Le degré de dépendance d'une eau dont la continuité est incertaine (baisse du débit de l'Ebre due à la sécheresse ou au changement climatique) se voit diminué.

- Ce projet représente un premier grand pas pour l'Espagne vers une gestion durable de l'eau. Créer des modèles à petite échelle permettra d'acquérir une expérience des alternatives, afin de les reproduire sur le reste du territoire.

- Ces plans d'action sont en concordance avec le Livre Blanc de l'Eau en Espagne, selon lequel "les solutions proposées à partir de la nouvelle politique hydraulique ne peuvent se réduire à un seul instrument, du fait de la diversité des problèmes."


2. Le dessalement de l'eau de mer à Almeria

Lors de la Conférence Internationale sur le PHN, la majorité des experts et des scientifiques présents ont privilégié le dessalement de l'eau de mer par rapport aux autres alternatives de remplacement du transvasement.

Cette technique présente en effet de nombreux atouts pour l'Espagne. Avec une production moyenne de 60 m³/an, l'Espagne se démarque en effet comme premier pays européen et cinquième pays mondial à utiliser cette ressource. Grâce à la recherche effectuée pour améliorer la rentabilité des usines de dessalement, les sociétés espagnoles exportent aujourd'hui leur technologie. Construites dès les années 60 afin de répondre à la demande croissante en eau des Iles Canaries, les usines de dessalement se sont aujourd'hui répandues sur tout le sud du pays.

A Almeria, la plante de dessalement de Carboneras, en construction, témoigne de cette avancée: avec une capacité de 120.000 m³/j, cette usine sera la plus productrice d'Europe. Le système d'osmose inverse par membrane, largement favorisé en Espagne, y sera mis en œuvre car il présente divers avantages par rapport à la distillation :

- consommation inférieure d'énergie
- prix réduit à 40 cents €/m³ d'eau dessalée
- facilité d'amplification
- système fermé permettant un impact acoustique réduit

L'impact environnemental du dessalement doit cependant être pris en compte. Selon le CEDEX (Centre d'Expérimentation et d'Etude des Travaux Publics), le dessalement des 500 Hm³ d'eau définis par le PHN impliquerait l'émission de 0,8 à 2,5 millions de tonnes de CO2. Les plantes de dessalement consomment en effet énormément d'énergie, car l'eau est propulsée dans le système sous forte pression.
Le rejet de résidus concentrés en sels, en phosphates, en chlore et en acides gras produit également un impact néfaste sur l'écosystème marin.

Les énergies renouvelables ainsi que la recherche de nouvelles techniques de dessalement nous permettent cependant de proposer trois systèmes au sein desquels l'impact environnemental semble considérablement réduit. Ces alternatives devraient faire l'objet d'études d'impact environnemental et de faisabilité, afin de définir la solution la plus adaptée à la province d'Almeria.


Les énergies renouvelables au service du dessalement

Selon un ingénieur industriel de l'Institut de Technologie des Canaries, l'énergie éolienne permet de réduire le prix de l'eau dessalée de 30% ou plus, si l'on prend en compte la vente de l'énergie excédentaire.
L'énergie solaire représente également un potentiel intéressant, surtout à Almeria où l'ensoleillement moyen est de 8,7 h/j. Durant les mois d'avril à septembre, période où l'intensité de l'activité agricole et du tourisme augmentent la demande en eau, l'ensoleillement atteint même 10,4h/j.
Les subsides nationaux et européens dont bénéficient les installations d'énergies renouvelables permettent de rentabiliser plus rapidement l'investissement.
Pour compléter cette alternative, il serait sage d'envisager l'élaboration d'une législation concernant le rejet des résidus concentrés en sels.

Le dessalement par pression naturelle

Tragsa, une société publique appartenant au Ministère de l'Agriculture, exporte ce procédé capable de créer de l'eau potable à un coût de seulement 22 cents €/m³. L'eau de mer est descendue à 500 m de profondeur, afin que la pression atmosphérique naturelle facilite le procédé d'osmose inverse.
Peu consommateur d'énergie, ce système présente l'avantage d'être caché à 90% sous terre. De plus, la construction de l'installation ne nécessite que deux ans, et sa moyenne de vie est supérieure à 40 ans. Rejetés à température ambiante, les résidus concentrés en sels ont un impact environnemental moindre que ceux des systèmes traditionnels.

Le dessalement sous vide

Inventé par la société Almeria de Investigación y Proyectos, ce système d'évaporation de l'eau de mer sous vide induit une ébullition à seulement 17° C, ce qui réduit considérablement la consommation d'énergie ainsi que le coût (25 cents €/m³). A l'eau distillée qui résulte du processus, des sels minéraux (usage urbain) ou des fertilisants (usage agricole) sont ajoutés.
Bien que ce système fonctionne avec n'importe quel type d'énergie, la société propose d'utiliser les résidus agricoles, en abondance dans la région. Les gaz de combustion sont filtrés et le sel restant, séché, peut être vendu. Conclusion: l'impact environnemental est pratiquement nul!


Si des investisseurs privés ont déjà été définis au sein du PHN, il est cependant conseillé d'inviter les acteurs du secteur touristique à participer au plan d'action. Des avantages pourraient ainsi être accordés aux constructeurs planifiant l'intégration d'un système de dessalement à leur complexe touristique. Les Iles Canaries présentent à ce sujet plusieurs expériences enrichissantes.


3. Programme agro-environnemental d'adaptation au climat

Représentant 80% de la consommation totale d'eau, les prélèvements agricoles suscitent, nous l'avons vu au sein du premier chapitre, des problèmes de gestion complexes et nombreux. Résultant d'une infrastructure obsolète, les pertes au niveau du réseau de distribution atteignent près d'un quart de la consommation d'eau. L'usage répandu de la technique d'irrigation par submersion est aussi une cause importante des pertes d'eau au niveau agricole.
Si le Plan National pour l'Irrigation et le PHN visent à améliorer ces réseaux, aucun plan d'action n'entreprend d'action au niveau de la production agricole.

Selon l'O.C.D.E., "des surfaces très étendues sont consacrées à des cultures nécessitant des apports abondants en eau telles que le coton, la luzerne, le maïs, le riz et la canne à sucre." A titre d'exemple, sous un climat méditerranéen, il faut approximativement une tonne d'eau pour produire un kg de maïs.
Opter pour des cultures d'hiver en cohabitation avec des cultures de printemps adaptées au climat sec, telles que les champs d'oliviers ou de tournesols, conduirait à une réduction significative de la consommation d'eau. Pour nous aider à définir un plan d'action, nous disposons d'un modèle de développement agricole durable, le Programme de Compensation de Rentes aux Irrigateurs de la Manche .

Entrepris lors de la grande sécheresse du début des années 90, ce projet vise à adapter les cultures de Daimel au climat méditerranéen sec, qui s'étend au plateau central de la Manche. A l'inverse de la PAC de l'U.E., qui subventionne l'ensemble de la production, le Programme de Compensation de Rentes fournit aux agriculteurs des aides sélectives selon le type de culture. Le tableau 3 révèle que la PAC a augmenté la consommation agricole d'eau, tandis que le Programme de Compensation de Rentes a diminué cette dernière de moitié en sept ans.


Tableau 3:
Evolution de la consommation agricole d'eau à Daimel

Politique appliquée

Année
Prélèvements (hm3)
1985
478
1986
525
Politique Agricole Commne (PAC)
1987
553
1988
568
1989
561
1990
522
Programme de Compensation
1991
427
1992
410
de Rentes
1993
310
1994
236
aux irrigateurs de La Mancha
1995
217
1996
215
1997
203

Source: Arrojo Pedro et Al. (janvier 2002), Analysis of the Strategic Environmental Assesment document of the NHP
presented to the European Commission by the Spanish government, Dept. of Economic Analysis, Zaragoza University, p. 104.


Se basant sur ce modèle, le programme agro-environnemental devra être adapté aux conditions climatiques et géographiques particulières à chaque région. Une méthode globale peut cependant être suivie:

- recrutement d'une équipe locale
- collaboration étroite avec le Ministère de l'Agriculture, et plus localement, avec les Associations d'Irrigation
- définition des cultures les plus adaptées à l'environnement
- élaboration d'une étude de marché visant à favoriser, au sein de cette sélection, les produits les plus rentables
- actions d'information, de sensibilisation et de recrutement d'agriculteurs volontaires
- subsides nationaux et européens pour un partage du risque
- installation de compteurs dans les canaux d'irrigation concernés
- suivi: assistance et contrôle
- feedback auprès du Ministère de l'Environnement

Une mesure incitative à mettre en œuvre en parallèle à ce projet serait la création d'une Banque de l'Eau . La Californie, qui fait face aux même conditions climatiques et agricoles que l'Espagne, a eu recours à ce système pour pallier les sécheresses du début des années 90. Au travers de 351 contrats, la Banque de l'Eau a acheté l'eau aux agriculteurs pour la revendre aux consommateurs urbains à un prix supérieur, ce qui a fait baisser la demande.
Ce système permettrait aux agriculteurs espagnols de rentabiliser les périodes creuses de leurs cultures d'hiver, au moment où le secteur touristique de la côte méditerranéenne a le plus besoin d'eau.

Trois avantages fondamentaux ressortent du programme agro-environnemental:

- Suite aux réguliers déficits en eau, les agriculteurs espagnols ont l'habitude d'adapter leurs cultures à court terme.

- Ce plan d'action est susceptible d'attirer un nombre croissant d'agriculteurs dès la mise en service du transvasement de l'Ebre. L'augmentation du prix de l'eau à 32 cents €/m³ se présentera en effet comme un catalyseur de la baisse de consommation.

- Le caractère extensible de ce plan d'action permet d'agir sur le long terme.


Alors que le programme agro-environnemental tend à réduire l'offre d'eau, les systèmes de dessalement visent à satisfaire l'augmentation de la demande dans une région connaissant un développement touristique croissant.
Ce choix se base sur l'évolution du PIB espagnol, qui présente une diminution de la part du secteur agricole en parallèle à une augmentation de celle du tourisme. Dans la recherche stratégique d'un équilibre entre recettes nationales et consommation des ressources, ces deux plans d'action se placent en concordance avec le développement économique de l'Espagne de demain.


Bibliographie

Articles et livres

Arrojo Pedro (juin 2001), " Gestion de l'eau comparée de l'Espagne et de la Californie ", Bulletin de liaison de la Plate-forme de Défense de l'Ebre.

Arrojo Pedro et Al. (janvier 2002), Analysis of the Strategic Environmental Assesment document of the NHP presented to the European Commission by the Spanish government, Dept. of Economic Analysis, Zaragoza University.

Estevan Antonio, Les compensations en eau pour l'agriculture continentale prévues par le PHN, http://www.rivernet.org.

Maia Rodrigo (2001), Sharing the waters of the iberian peninsula, Faculty of Engineering of Porto University, Portugal.

Ministerio de Medio Ambiente (1998), El Libro Blanco del Agua en España, http://www.mma.es.

O.C.D.E. (1997), Examens des performances environnementales, Les Editions de l'O.C.D.E., Paris.

Octavi Marti (décembre 2000), " L'Espagne victime de son hydroschizophrénie ", Courrier de l'UNESCO, http://www.unesco.org.

RAMSAR (septembre 2001), Ramsar Advisory Mission to the Ebro Delta, Catalonia (Spain), http://www.ramsar.org.

S.F. (octobre 2000), " Conflits sur le partage de l'eau en Espagne ", Transrural Initiatives, http://www.globenet.org.

Wong Arlene K. et Al. (1999), Sustainable Use of Water, California Success Stories, Pacific Institute for Studies in Development, Environment, and Security, Oakland.


Sites web

http://circe.cps.unizar.es/spanish/waterweb/inicio.html (Conférence Internationale sur le PHN)
http://ens-news.com
http://hispagua.cedex.es
http://www.ebre.net (Plate-forme de Défense de l'Ebre)
http://www.el-mundo.es
http://www.elpais.es
http://www.energias-renovables.com
http://www.geocities.com/RainForest/Jungle/1839/index.htm (COAGRET)
http://www.globenet.org.
http://www.greenpeace.es
http://ine.es (Institut National de Statistiques)
http://www.mma.es (Ministère de l'Environnement)
http://www.pangea.org/org/foroagua
http://www.panoramaenergetico.com
http://www.portal-agua.com
http://www.pridesa.com
http://www.rivernet.org (European Rivers Network)
http://www.us.es/ciberico/fundacionnca.html (Fondation pour une Nouvelle Culture de l'eau)
http://www.unesco.org

 
 

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