Les nouvelles de la Seine et de son bassin  

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29.10.02: L'estuaire de la Seine doit être protégé !

Source : Sea-River - Jeudi 17 octobre 2002, à l'Hôtel de Région, Alain Le Vern, Président de la Région Haute-Normandie, et Bruno Fontenaist, Préfet de région, ont signé avec les représentants de l'Agence de l'Eau, des Conseils Généraux du Calvados, de l'Eure et de la Seine-Maritime, du Port Autonome du Havre, de l'Union des Industries de la Chimie - Normandie, de l'Association Syndicale de l'Industrie et du Commerce pour l'Environnement Normand la convention constitutive du Groupement d'Intérêt Public (GIP) du programme de protection de l'estuaire de la Seine "Seine Aval II" pour lequel les partenaires engagent plus de 9 millions d'euros sur la période 2000-2006.
Cette signature est une étape décisive pour la connaissance du milieu naturel de l'estuaire de la Seine et la mise en place de mesures concrètes d'aménagements et de protection de ce territoire fragile situé entre la Baie de Seine et le barrage de Poses.

Depuis plus de 20 ans, de nombreux projets ont, en effet, mis en péril l'écosystème et le milieu naturel très diversifié de l'estuaire de la Seine. L'ensemble de ces dangers, qui concernent à la fois la faune et la flore de ce territoire mais aussi les hommes qui le peuplent, devaient donc être identifiés avec précisions. Les bouleversements liés aux incidences induites par l'accroissement des activités portuaires, avec en particulier la gestion de Port 2000 au Havre, mais aussi les modifications du fonctionnement hydraulique conduisant à un comblement progressif de l'estuaire, ou encore la disparition des emprises terrestres utilisées par la faune, devaient faire l'objet d'un constat rigoureux, d'une identification scientifique apte à dégager des solutions applicables dans les meilleurs délais.

C'était l'objectif du programme "Seine-Aval I". Sur la période 1995-1999 avec un budget de plus de plus de 3,2 millions d'euros, dans le cadre du Contrat de Plan Interrégional du Bassin Parisien, plusieurs centaines de travaux de recherches ont apporté une connaissance de ce milieu jamais atteinte auparavant.
A la suite de ce premier programme, l'un des plus ambitieux jamais réalisé en France et à l'échelle européenne, la Région Haute-Normandie, ainsi que l'ensemble des partenaires concernés, a souhaité entrer dans une nouvelle phase, celle de la mise en application des découvertes scientifiques, pour mieux préserver l'estuaire de la Seine, véritable colonne vertébrale de cette région.

Entre son lancement en 2000 et la fin de cette année 2002, "Seine-Aval II" a ainsi déjà mobilisé plus de 2,5 millions d'euros. Pour l'année 2003, une quarantaine de projets de recherche ont d'ores et déjà été retenus et une enveloppe globale de plus d'1,7 million d'euros a été dégagée. Plus de 6 millions d'euros seront ainsi consacrés pour la poursuite de ce programme jusqu'en 2006.
Ces projets sont divers et touchent à l'ensemble des aspects de la question, du recensement et de l'analyse du risque des contaminants chimiques dans l'estuaire, jusqu'à l'analyse économique des impacts de pollutions sur le secteur de la pêche professionnelle, en passant par l'état des lieux de la ressource halieutique ou des vasières.

Pour entrer dans la phase d'application des résultats de la recherche, la Région Haute-Normandie et ses partenaires ont décidé de procéder à la constitution d'un Groupement d'Intérêt Public (GIP). Regroupant l'ensemble des acteurs, publics ou privés de l'estuaire de la Seine, ce GIP, dont le siège sera, dans un premier temps, situé à l'Hôtel de Région, à Rouen, prendra en charge la coordination et la gestion des actions de recherche, mais surtout la maîtrise d'ouvrage des applications opérationnelles qui en découlent.

Il s'agit ainsi de développer une politique volontariste de reconquête de l'estuaire, pour concilier développement socio-économique et conservation des équilibres naturels fragiles, et conserver la diversité biologique de l'estuaire, notamment par la restauration de la qualité des eaux.

Pour Alain Le Vern, "la constitution de cette structure juridique est une étape importante dans la prise en compte des contraintes écologiques de l'estuaire de la Seine. Ce programme est unique, non seulement dans sa capacité à fédérer l'ensemble des acteurs concernés, mais aussi par sa capacité à lancer des applications concrètes. Ce n'est pas une convention comme une autre que nous venons de signer aujourd'hui. Dorénavant, tout nouvel aménagement, en particulier industriel, sur les bords de Seine, devra prendre en compte les contraintes identifiées et appliquées dans le cadre de ce programme. C'est un pas important vers un aménagement harmonieux de notre région, autour de ce fleuve de vie qui la traverse et que nous devons préserver."

Documentation complémentaire :
Zones humides de la basse vallée de la Seine
Ce fascicule traite des zones humides de la basse vallée de la Seine. Il s'agit, pour une grande part, d'un projet régional sous l'égide du Programme national de recherches sur les zones humides " (PNRZH), apport connexe au programme Seine-Aval. Ce document présente, en particulier, une analyse de la structure et du fonctionnement des zones humides actuelles, en référence à leur histoire plus ou moins récente; une approche conceptuelle relative à l'évaluation, la conservation, la restauration et la protection des zones humides dans le contexte très anthropisé de la basse vallée de la Seine. La biodiversité et le fonctionnement des zones humides sont deux enjeux clés qui doivent être pris en compte dans tout projet de développement durable de cet espace géographique.
36 pages. - 6.86 euros - ISBN 2-84433-077-0

Seine-Aval : un estuaire et ses problèmes
Interfaces entre le continent et la mer, les estuaires ont été façonnés durant des millénaires par la nature. Leur richesse biologique en fait des milieux exceptionnels. Zones d'échange et de développement humain, les estuaires ont souvent vu leurs caractéristiques physiques et leurs richesses biologiques modifiées par l'homme au cours des siècles. Ces mêmes processus qui sont à l'origine de la richesse des estuaires (gradient de salinité et stockage des vases), contribuent maintenant à leur dégradation du fait d'importants apports de substances contaminantes. L'estuaire de la Seine est un exemple concret des profondes mutations engendrées par la pression humaine sur les estuaires. Soumis à de forts apports de contaminants d'origines diverses, ainsi qu'à une profonde modification de sa morphologie, l'estuaire de la Seine n'en reste pas moins un lieu de vie pour de nombreuses espèces animales et végétales. Lieu de vie qu'il est nécessaire de connaître afin de concilier son développement économique et son potentiel écologique.
29 pages - 5,34 euros - ISBN 2-84433-026-6

Les ouvrages Ifremer sont diffusés par ALT - BP 23 - 29801 Brest Cedex -
Tél. 02.98.02.42.34 - Fax 02.98.02.05.84 - alt.belin@wanadoo.fr
Le catalogue est disponible gratuitement sur simple demande.

09.10.02 : L'électricité dans le bassin de la Seine

La production d'électricité dans le bassin de la Seine se fait par des centrales de trois types: hydroélectriques, thermiques et nucléaire. Toutes ces productions ont en commun la particularité d'utiliser l'eau du fleuve et de ses affluents pour entraîner les turbines ou pour refroidir les condenseurs.

Le bassin de la Seine couvre plusieurs régions et la consommation électrique est très élevée. Les sources de production de cette énergie dont le principal défaut est de ne pas être stockable, sont l'hydraulique, 6 centrales thermiques (à flamme) et une centrale nucléaire (Nogent-sur-Seine) qui se succèdent dans les régions Bourgogne, Champagne-Ardenne, Ile-de-France et Haute-Normandie.

Les centrales hydrauliques se situent essentiellement dans le Morvan, c'est-à-dire dans le cours amont des rivières. Elles sont 6 (exploitées par EDF) dans le Morvan, sur la Cure, et fonctionnent au fil de l'eau, par éclusées ou par des lacs. Les premières produisent de l'énergie en continu, les secondes par à-coups aux périodes de pointe et les dernières en fonction des lâchures. Dans le bassin de la Seine, elles représentent une production de 40 MW qui demeure marginale, comparée à celle des autres centrales.

Six autres centrales produisent de l'électricité à partir de la combustion de charbon ou de fioul: entre Montereau, à la confluence de l'Yonne et Le Havre. La production totale atteint 3.800 MW. L'eau des rivières sert à refroidir les installations: la quantité nécessaire atteint 500 millions de mètres cube pour 5 centrales installées sur les rivières (celle du Havre est refroidie par l'eau de mer). La production s'élève à 5 kWh/m3 d'eau utilisée. Il faut aussi noter que le réseau hydrographique permet d'acheminer le fioul ou le charbon depuis Le Havre et Rouen jusqu'aux lieux de production (Porcheville, Vitry-sur-Seine, Champagne-sur-Oise).

La centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube) possède deux réacteurs de 1.300 chacun et produit 200 kWh/m3 d'eau prélevée.
L'électricité produite dans le bassin de la Seine permet d'alimenter plusieurs millions de personnes, les villes et les industries. La centrale de Nogent produit en permanence 75 % des besoins annuels (18 milliards de kWh). En revanche, aux heures de pointe, il faut avoir recours à l'énergie des centrales thermiques. Ces dernières ont une production variable en fonction des besoins (périodes de froid par exemple). Selon les années la production varie entre 5 et 10 milliards de kWh. Quant aux aménagements hydrauliques, ils servent essentiellement à l'alimentation des zones éloignées des centres de production. L'ensemble des installations produit 26 milliards de kWh/an ce qui correspond à la consommation de 3 millions d'habitants.

Les centrales hydrauliques entraînent des perturbations (modification de l'écoulement, inaccessibilité des frayères, sédimentation, etc.) bien connues sur les milieux. Peut-être parce qu'il demande une surveillance constante qui ne souffre pas du moindre relâchement, le nucléaire a moins d'impact sur les milieux aquatiques: les prélèvements sont relativement faibles, les circuits très contrôlés (par exemple: le nettoyage s'effectue avec des billes de caoutchouc, les condenseurs en inox ont remplacé ceux en laiton afin d'éviter les rejets de cuivre et de zinc). Quant aux centrales à flamme, c'est aussi sur l'émission des gaz qu'elles font l'objet de suivis importants. L'impact thermique des rejets des centrales thermiques et nucléaire a été très abaissé et varie de 1 à 3°C par rapport au milieu récepteur.

Alain Vicaud - colloque La Seine en 2015 - 20 septembre 2002

20.09.02 : Reverra-t-on le saumon dans la Risle ?

Source : Sea-River

La Risle est un affluent rive gauche de la Seine. Elle rejoint le fleuve au niveau de son estuaire dans le département de l'Eure. La Risle a été fréquentée par les salmonidés migrateurs (saumon et truite de mer) jusqu'en 1950, période à partir de laquelle ils ont quasiment disparu. Et si le retour était possible ?

Les barrages qui coupent la Risle, à proximité de sa confluence avec la Seine à Pont-Audemer, ont anéanti ou presque totalement les populations de saumons et de truites de mer de la rivière.
La Risle est un cours d'eau long de 140 kilomètres dont la source est voisine de celles de l'Orne, de la Dives et de la Touques. L'une partira vers l'Est (la Risle), l'autre vers l'Ouest (l'Orne) et les deux autres vers le Nord. La Risle décrit une large boucle qui la ramène vers le nord-ouest c'est-à-dire vers la Seine. Après avoir traversé les prés du département de l'Orne, elle rejoint celui de l'Eure. Son cours d'abord rapide, se ralentit puis reprend l'aspect d'une rivière à truites d'autant qu'elle reçoit l'apport de sources très importantes qui assurent la fraîcheur de ses eaux. Son principal affluent, la Charentonne, est également bien connue des pêcheurs de truites et beaucoup de fines gaules y ont traîné leurs bottes et lancé leurs mouches.

Le barrage de Pont-Audemer marque la limite de salure des eaux de la Risle. Il devrait être prochainement équipé d'une passe à poissons avec chambre de vision. Ce sera peut-être le début d'une nouvelle aventure du saumon dans cette région normande très appréciée des pêcheurs de salmonidés - Photo © Sea-River

La Risle a payé de lourds tributs aux maux du siècle dernier: extractions de graviers, barrages (trop) nombreux, pollutions des agglomérations et des industries de sa vallée. Si sur ce dernier poin,t la situation s'est nettement améliorée, les ballastières restent comme autant de plaies ouvertes dans sa vallée ainsi que les barrages dont certains, vétustes, demeurent en place.
Les remontées des migrateurs sont bloquées dès Pont-Audemer, à l'endroit où elle passe du domaine fluvial au domaine maritime. Le barrage de la Madeleine constitue un véritable verrou pour la remontée des migrateurs. Il alimente une centrale hydroélectrique et est équipé d'une passe à poissons au fonctionnement insatisfaisant. Or le franchissement de cet obstacle, le premier à partir de la mer, doit faire l'objet de toutes les attentions. L'objectif est clairement défini: 100 % de passages, sinon toute tentative d'amélioration ou d'aménagement plus en amont risque d'être vaine! Car chaque équipement a un taux de réussite. En supposant qu'au premier barrage le pourcentage n'atteigne que 60 % et 80 sur les suivants: cela signifie qu'au cinquième obstacle il n'y a quasiment plus de migrateurs qui passent ! Le dispositif de franchissement, quel qu'il soit, devra être efficace, voire très performant, tant à la montée qu'à la descente. La même problématique se pose pour les anguilles et les civelles.
Ensuite, ce premier barrage effacé, il restera un bon nombre d'obstacles à lever pour permettre une colonisation complète de la rivière. Il n'est pourtant pas question d'éliminer les 40 barrages...

Les ouvrages de Corneville et Brionne, en raison de leur vétusté, peuvent être effacés mais toujours en prenant garde à ne pas provoquer de perturbations hydrauliques qui pourraient s'avérer désastreuses.

Toute tentative de réintroduction doit aussi passer par la résolution d'autres problèmes: restauration de l'habitat en rivière, des frayères et des zones de grossissement des petits saumons, élimination de la pollution (là on est en bonne voie, tout au moins sur la Risle. Il reste du travail dans l'estuaire) et il faut régler le problème des pêcheurs professionnels. L'approvisionnement en jeunes poissons pouvant être réalisé à partir d'élevages situés dans d'autres bassins.
Le chantier est vaste et intéressant mais, étant donnée l'importance de l'estuaire, il est possible que certains poissons s'égarent vers d'autres affluents de la Seine. A terme c'est l'ensemble de la vallée qui fera l'objet d'aménagements. Un vrai challenge mais pas plus fou qu'un autre !

Bernard Breton
breton@sea-river.com

La Seine : un bassin fluvial totalement artificiel

La Seine n'a plus rien d'un fleuve naturel estime le PIREN Seine (*). Les activités humaines anciennes ou actuelles réparties sur l'ensemble des 75 000 kilomètres-carrés du bassin versant ont des conséquences énormes sur l'écoulement, la qualité des eaux et des milieux. L'agriculture intensive qui se pratique sur l'ensemble du bassin et la présence de l'agglomération parisienne, une des plus grandes mégapoles d'Europe en sont les causes les plus évidentes. Sur 12% du territoire national se trouvent concentrés 25% de la population française, 33 % de la production agricole et industrielle et 50% du trafic fluvial.
Le fleuve et la partie aval de ses principaux affluents, sont équipés de barrages destinés à maintenir le tirant d'eau nécessaire pour la navigation. Les débits sont régulés par trois barrages réservoirs (Der sur la Marne, Seine et Aube) qui écrêtent les crues et restituent, à la période estivale, l'eau accumulée afin d'assurer les prélèvements nécessaires à la production d'eau potable.


Paris : Mégalopole qui a largement contribué à faire de la Seine un fleuve "artificiel"

Les vallées alluviales et les paysages ont été modifiés pour les extractions de sable et de graviers destinés à la construction et aux travaux publics.
La qualité des eaux est soumise aux effets d'une agriculture intensive, mais elle est dégradée plus encore par les rejets des stations d'épuration et par les eaux pluviales qui rejoignent les cours d'eau après ruissellement.

Avec tout cela on espère encore que le bassin fournisse de l'eau potable à tous les habitants, offre des milieux favorables aux poissons et aux autres animaux, malgré une circulation de plus en plus perturbante. On demande aussi au fleuve et à ses affluents de supporter un tourisme de plus en plus intense. Certes cette situation ne date pas d'hier (déjà au Moyen Age on se plaignait de la pollution!) mais le mouvement s'est considérablement accéléré depuis une cinquantaine d'années.

Conséquence évidente : chaque utilisateur ne peut se contenter de sa vision limitée parce que sectorielle, de son problème. Le législateur l'a bien compris, et dans la loi sur l'eau de 1992, il a préconisé l'élaboration de schémas directeurs d'aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) qui ont pour objet de fixer des orientations fondamentales d'une gestion équilibrée de la ressource en eau. Cette disposition est reprise par la Directive européenne de 2000 qui institue la mise en place de plans de gestion. Avant de préconiser quoi que ce soit, il faut tenter de comprendre le fonctionnement du système Seine. Cette approche nécessite la mise en oeuvre de diagnostics et d'outils de gestion permettant d'envisager l'évolution de l'écosystème suite à la création d'une infrastructure, d'un nouvel aménagement, à la mise en oeuvre d'une mesure réglementaire.

Depuis 10 ans le programme PIREN - Seine développe une forme originale d'organisation de l'activité scientifique dans laquelle les chercheurs sont à l'écoute des besoins des acteurs, interviennent dans les dossiers techniques, tout en menant une recherche de pointe, scientifique et d'expertise.

(*) PIREN : Programme interdisciplinaire de recherche sur l'environnement, mené en partenariat entre les organismes de la recherche et les acteurs de la gestion de l'eau.

Source: La Lettre de Sea-River

23.01.02 : Les crues de la Seine

1910 : la Seine connaît la crue du siècle. Une telle montée des eaux peut survenir n'importe quand! Alors, à quoi servent les barrages réservoirs à l'amont de Paris ?
La hauteur du fleuve détermine l'activité sur le fleuve, la circulation routière, l'activité économique de la région. Le système de surveillance des crues prévoit les inondations et les gère tout au moins en partie. Des plans de prévention des risques d'inondation (PPRI) organisent la vigilance mais il est évident qu'une crue exceptionnelle, comme celle de 1910, peut se produire n'importe quand et, dans ce cas, personne ne pourrait la maîtriser! Certes, elle serait légèrement, moins forte (60 centimètres en moins d'après les simulations) mais l'eau envahirait les rues et aussi les multiples souterrains parisiens, y compris le métro !

Crues de la Seine à Paris en avril et mai 2001 - Ph. Protection civile de Paris

Le Plan de prévention a essentiellement pour objet de diminuer les risques vis-à-vis des personnes et des biens. Les crues de la Somme, début 2001, ont rappelé à tous que tout peut arriver! Ce fleuve, souvent cité en exemple, ne pouvait pas déborder disait-on, et voilà que des crues dramatiques surviennent et nous remettent les idées en place. Même si on tente de prévoir, tout demeure possible lors d'événements exceptionnels! L'imprévisible peut arriver!
Dans le bassin de la Seine, ont été réalisés quatre barrages réservoirs très en amont : le réservoir Seine (Forêt d'Orient), le réservoir Aube, le lac de Der sur la Marne et le plus ancien, le barrage de Pannecière qui tente, dans le Morvan, d'écrêter les crues de l'Yonne, l'enfant terrible. Ces lacs fonctionnent tous de la même façon : durant l'automne et l'hiver, lorsque la rivière gonfle, un canal prélève une partie de l'eau et l'amène dans le réservoir où elle est stockée. L'eau est ensuite restituée alors que les rivières sont basses, en été, afin d'assumer un débit suffisant de la Seine à Paris (120 m3/s). La ville utilise pour ses habitants et ses activités environ la moitié de ce débit. Ces barrages remplissent d'autres rôles (tourisme par exemple), ils permettent de limiter les montées d'eau, évitent des crues de faible amplitude.
Pour qu'il y ait crue, il faut une conjonction de phénomènes : des précipitations importantes (la pluie qui fait fondre la neige par exemple) sur l'ensemble du bassin versant. Lorsque ces montées d'eau sont synchronisées et que les volumes parviennent simultanément dans le fleuve, rien ne pourra stopper la crue! Les barrages de navigation souvent mis en cause par les riverains n'ont aucun rôle. Et, lorsque la rivière a trop gonflé, elle s'étale dans les champs, les prés, les villes.
Les crues autrefois faisaient partie de la vie, elles étaient prévues et les habitants vivaient avec. Elles ont aujourd'hui des conséquences beaucoup plus importantes sur l'économie, les transports et les habitants. Par des plans de prévention on tente d'en limiter les impacts, mais rien ni personne ne pourra stopper une crue de forte amplitude! Certes, des projets existent dans les cartons : créer un barrage réservoir sur l'Aisne ou l'Oise pour atténuer les crues de ces rivières mais cela se révèle délicat car elles coulent sur des terrains calcaires. On s'oriente plutôt vers le maintien de zones d'étalement des eaux en dehors des agglomérations ou de projets plus complexes, sur la zone de La Bassée proche du confluent de l'Yonne et de la Seine. Un autre réservoir sera-t-il créé sur la Marne?
Pour l'instant il faut simplement espérer que les 16 stations d'annonce des crues en Ile-de-France n'aient rien de dramatique à annoncer !
Source : La Lettre de Sea-River n°39

12.11.01: L'impact des barrages sur les rivières

L'inventaire des 8 000 barrages sur les rivières du bassin Seine-Normandie, montre que la moitié provoque un obstacle à la migration des poissons et les trois-quarts posent des problèmes.
Les barrages peuvent apparaître intéressants sur un rare point : par eaux basses à très basses, ils permettent la survie des poissons dans la retenue. Mais les conséquences néfastes sur les milieux et par corollaire, celles sur les poissons sont considérables.

Sur les axes à grands migrateurs existent des problèmes de franchissement dont l'effet sur les populations piscicoles sont considérables : l'esturgeon, les aloses ont disparu du bassin de la Seine plus en raison des barrages infranchissables que de la pollution.
Les salmonidés qui fréquentent les petites rivières sont très sensibles à cette impossibilité de franchissement. Ils ne peuvent accéder aux zones de ponte et sur les zones de grossissement, ils entrent en concurrence avec d'autres espèces (perche, brochet et poissons blancs). 60 % de la capacité de reproduction des truites qui pondent, dans les graviers bien irrigués par le courant, peuvent être perdus. Mais les conséquences sont aussi énormes pour d'autres espèces : 90% du potentiel de reproduction perdu pour le brochet qui recherche durant le printemps des prés inondés.
Notons aussi que dans les massifs cristallins (Morvan, bassin de la Vire en Basse-Normandie), les cours d'eau sont plus sensibles au développement de plancton.

Comment peut-on améliorer la situation des cours d'eau? D'abord en gérant les obstacles qui restent en place : il s'agit d'en diminuer l'impact sur les cours d'eau, d'abord en les ouvrant périodiquement. On peut aussi faciliter la circulation des poissons de part et d'autre en installant des dispositifs de franchissement (passes à poissons) ou plus simplement parfois si on doit conserver un niveau donné à l'amont en remplaçant un barrage par plusieurs chutes successives de moindre dénivelé. Tout aménagement de franchissement devra être le plus efficace possible car même avec un taux de fonctionnement de 80%, la multiplication des obstacles entraîne un échec. La gestion des barrages devient alors primordiale. Il ne faut pas non plus oublier le coût de ces dispositifs (de 15 000 à 60 000 euros par mètre de dénivellé).
Une autre solution est l'effacement du barrage qui est cassé ou démonté. On pourrait, a priori, envisager cette solution comme LA solution. Elle n'est pas possible ni souhaitable partout puisqu'il faut tenir compte des rôles de la rivière et des barrages (le cours d'eau ne coule pas toujours en fond de vallée !), du maintien des lignes d'eau, etc. Bien entendu, si le barrage n'a plus de rôle son démontage est une bonne chose, à condition que l'effacement soit total et ne pose pas d'autres problèmes !

L'effacement de plusieurs barrages successifs va amener à recréer l'écoulement dans le lit originel et à abandonner le lit artificiel composé de biefs successifs. Dans ce cas, il faut aussi tenir compte de l'impact sur les propriétés dans lesquelles s'écoule la rivière.
Les barrages peuvent aussi être restaurés et équipés de turbines (le rapport Cochet sur l'hydroélectricité les y incite).

AREA - Plesnois -57 ; DIREN Ile-de-France
Source: N° 29 La Lettre de Sea-River - Semaine du 12 au 18 novembre 2001

09.11.01 : L'état des nappes souterraines dans le bassin Seine-Normandie

L'état des nappes souterraines dans le bassin Seine-Normandie est particulièrement élevé en cet automne (en une année les précipitations dépassent de 30 à 60% les moyennes des 30 dernières années!). Dans de nombreux endroits on est proche des niveaux les plus hauts jamais enregistrés! La nappe de Beauce particulièrement sollicitée par les arrosages, s'est rechargée. Des inquiétudes existent toujours pour les régions Picardie, Normandie et certains secteurs de l'Ile-de-France. Les risques d'inondation par remontée de nappe sont susceptibles de réapparaître cet hiver, même si les précipitations ne dépassent pas les normales saisonnières.

09.11.01: 8.000 barrages en Seine-Normandie

Une étude sur l'ensemble des barrages sur les rivières du bassin de la Seine et les cours d'eau côtiers normands dénombre l'existence de 8000 barrages de petite taille.
Ils se répartissent à raison d'un tous les 2,5 kilomètres, ont une hauteur moyenne de 1,40 mètre mais ils sont plus de 8 000 obstacles (créés par l'homme) qui barrent les cours d'eau pour le seul bassin Seine-Normandie ! Leur répartition fait apparaître de fortes disparités régionales. Parfois, on observe un barrage par kilomètre et dans les régions plus plates un tous les 10 kilomètres. Les ouvrages les plus nombreux se situent sur les cours d'eau normands et à l'opposé sur les côtes calcaires de l'Est du bassin, là où les pentes sont plus accentuées et les débits réguliers.
Ces ouvrages ont été créés pour différents objectifs, le principal était de moudre ou d'écraser les grains (moulins à farine, à huile), d'autres pour produire l'énergie nécessaire à d'autres activités (scieries, industries mécaniques) ou encore de l'électricité. 26 grands barrages servent à réguler les débits de la Seine, de la Marne, de l'Aube et de l'Yonne, quelques retenues alimentent les réserves en eau des canaux et il existe quelques réservoirs d'eau potable. 80 barrages de navigation maintiennent une ligne d'eau suffisante pour la circulation des bateaux. Quant à l'hydroélectricité, elle représente 300 ouvrages sur l'ensemble du bassin. Seuls 5% des barrages sont encore utilisés aujourd'hui. Bien souvent leur vocation a évolué dans le temps.
Les autres rôles des barrages ne sont pas minces. Par leur ancienneté (les premiers datent du Moyen Age), ils jouent un rôle structurant pour les écoulements et les profils en long des rivières. En revanche (en particulier les barrages de navigation ), ils n'ont aucun rôle significatif sur l'écoulement des crues ou les soutiens des étiages !
Ils maintiennent des zones humides que l'on considère comme naturelles alors que, la plupart du temps, elles sont totalement artificielles! Les barrages ont aussi un rôle paysager, voire patrimonial pour certains ouvrages, ce qui n'est pas à négliger dans la réflexion.
La gestion des ouvrages est souvent nulle ou totalement aléatoire dans 95% des cas. La méconnaissance du fonctionnement, perdue avec le temps, empêche une utilisation normale des barrages. Là où les résidences secondaires sont nombreuses, les propriétaires gèrent les vannages en fonction de raisons parfois incongrues (bruit, objets accumulés, ou pour d'autres raisons) ce qui a des conséquences surprenantes : mises à sec de bief, inondations à l'aval, etc.
La présence d'un barrage provoque des perturbations de l'habitat des poissons : augmentation de la profondeur, réduction des vitesses d'écoulement, accroissement des températures, sédimentation plus forte. La petite faune de fond se banalise et le plancton devient plus abondant. Les populations de poissons vont évoluer. Globalement la moitié des barrages sont infranchissables pour les poissons et les trois-quarts posent problèmes!
Les aménagements induits sont aussi importants : la rivière ne coule plus dans le fond de vallée, les rivières n'ont plus de fonctionnement normal, les matériaux (terre, vase) qui se déposent obligent à des curages très dégradants ce qui accélère la perturbation des cycles biologiques. (Etude du Cabinet Area - 57 Plesnois)
Source : La Lettre de Sea-River - Semaine du 5 au 11 novembre 2001 - N° 28

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